Abbas Kiarostami nous a quittés le quatre juillet dernier à l’âge de soixante-seize ans. Le parcours du cinéaste iranien est lié au Festival de Locarno qui, en 1989, récompensait Où est la maison de mon ami ? et lui consacrait une rétrospective/intégrale en 2005. Si le directeur artistique, Carlo Chatrian lui a dédié cette 69ème édition, une séance spéciale a transformé l’hommage de rigueur en passage de témoin enthousiasmant avec une nouvelle génération de cinéastes.
https://vimeo.com/austerlitzfilms/pezcal-trailer
Résultats d’un atelier avec de jeunes réalisateurs internationaux et l’école audiovisuelle de San Antonio de los Banos à Cuba, ces sept courts-métrages (plus un inachevé de Kiarostami), évitent quasiment tous les pièges de la carte postale world-cinema, de la masterclass déguisée en workshop, ou encore de l’exercice pédagogique qui laisserait le public de côté.
Dans cet ensemble de regards clairement dirigés vers l’enfance et la jeunesse, chacun mesurera le degré d’implication d’Abbas Kiarostami, allant du conseil au point de vue. Ou se laissera charmer par le déroulement de ces brèves histoires cubaines parfois aux allures de portraits. Mais après une semaine de compétitions diverses, et avec des films se plaçant souvent dans l’observation de la complexité du monde actuel, c’est la fraîcheur et la spontanéité qui frappent ici.
Deux exemples qui ne doivent pas diminuer les autres films de ce programme :
- l’amical et rêveur Pezcal de Pablo Briones,
- le taiseux et solitaire Ceiba de Ramiro Pedraza, dont le noir et blanc esthète et tranchant peux prétendre au statut d’astre noir du groupe.
- Et puis arrive Pasajera par Kiarostami, très vite identifiable, où un travailleur de la région prend en auto-stop une étudiante de l’école de cinéma, discutant, comme dans une ultime mise en abîme, du réalisateur iranien et de l’importance de sa présence relayée par la presse à Cuba.
Présenté en première mondiale à Locarno, Filmando en Cuba con Abbas Kiarostami est une combinaison magique de 75 minutes. Un signal fort pour les amateurs de formats courts et le post-scriptum bienveillant d’un immense cinéaste.
Et plus si affinités