Après l’album, après l’interview, voici Brice et sa Pute le concert. Je les avais vu jouer au Printemps de Bourges, dans le soleil et la poussière, lors d’un apéro Mediatone qu’il avaient transformé en jeu de massacre, comme à leur habitude ; deux ans plus tard, même topo … trois crans plus haut. C’est qu’entre temps ils ont fait l’Amour. Et ça se sent. Dans la voix, dans l’instru, dans la tenue des corps, …
Enregistrement aux Subs, travail des harmonies, ciselage des textes, les 13 morceaux enfantés dans la joie et la douleur ont apporté une évidente maturité à leurs deux parents qui s’ils continuent à jouer la provo en robe à pois, jarretelles et cage à gorille, le font désormais avec profondeur et très posément. Jeu de contrastes, poésie subversive, paroles corrosives, Marie Nachuri et Pierre Chanel entrent dans la fosse aux lions comme le faisaient les chansonniers du Chat Noir, les acteurs du Grand Guignol. Avec délectation. Tandis qu’il joue la quiétude britannique, elle table l’hystérie tranquille.
Les chansons s’enchaînent, Pierre pose la colonne vertébrale des mélodies, ce qui laisse le champ libre à Marie pour nous flageller de sa voix. Et de la voix, elle en a :
Ombres épaisses et éclairages brutaux, bruits de chaîne, mégaphone, … comme vous venez de le constater, l’âge adulte enfin, après les excès et les outrances de l’adolescence artistique, pas forcément plus raisonnable, mais beaucoup plus cinglant. Car ciblé, maîtrisé, contenu. Et légèrement menaçant. Ainsi quand Marie, ironique, dédie une chanson à un certain parti politique extrêmement droitier ; le public se marre, et la Marie de scruter la salle puis de commenter dans un souffle « C’est ça, riez, riez ». Froide. Lucide.
Soudain les amuseurs se seraient-ils transformés en prophètes ?
Merci à Brice et sa pute, Clément de Dur et doux, et Benjamin de la Mangouste
Et plus si affinités
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