Quinze jours de festival, plus de 120 films programmés, une 8eme édition, Neil Jordan comme invité d’honneur. Le festival fondé par Irena Bilic a le vent en poupe. Et porte une problématique d’actualité : y a-t-il une culture européenne abolissant les frontières et mêlant les patrimoines de chaque pays ?
Formée aux sources de la philosophie et de l’anthropologie, journaliste, traductrice, cinéaste (elle a tâté de tous les métiers de ce champ d’action « sauf électricienne » précise-t-elle), la dame d’origine serbe en est convaincue et s’efforce depuis des années de donner audience à ce cinéma venu entre autres des Balkans, des pays de l’ex URSS, des contrées géographiquement éloignées et dont nous ignorons tout.
L’initiative vit le jour en Normandie, « terre de cinéma » où fleurissent les festival du genre. En charge du 7eme art et de la peinture dans la section culture du Conseil général de l’Eure dans lequel elle intervient, Irena met en place cette action afin de constituer une vitrine pour des films arméniens, slovènes. De petite structure familiale amicale programmant 9 œuvres qu’elle était, la chose va tout naturellement prendre de l’essor, comme nous l’explique la fondatrice :
Irena Bilic nous parle de l’évolution du Festival L’Europe autour de l’Europe by Delfromtheartchemists on Mixcloud
Révéler des patrimoines, promouvoir des traditions cinématographiques, les comparer … voici comment est progressivement survenue cette problématique d’une connexion européenne. Soirées thématiques, rencontres, mise en valeur de jeunes talents, de films inédits via le Prix Sauvage (accès à la notoriété et à la distribution en France) : Irena prend un soin particulier à sélectionner les films présentés, s’appuyant sur son réseau qui lui signale les pépites, allant d’elle-même dans une foultitude d’autres festivals, en repérage.
Un travail de fourmi pour détecter de nouvelles formes d’expression, afin d’alimenter des thématiques complexes et vitales comme celle de cette année portant sur mémoire et devenir car « la problématique du temps est essentielle dans le cinéma », surtout en cette période de mutations profondes. Un travail également pour promouvoir le cinéma d’auteur, au sens noble du terme, c’est-à-dire un cinéma d’art qui s’inscrit au patrimoine, peu importe le budget. Et Irena de citer Neil Jordan, invité d’honneur de la 8eme édition, et représentant du cinéma irlandais :
Irena Bilic, fondatrice du Festival L’Europe autour de l’Europe nous parle de Neil jordan by Delfromtheartchemists on Mixcloud
Quant au statut du cinéma européen, Irena l’a vu évoluer de façon très positive, vers des coproductions, à l’origine invraisemblables (à cause des quotas à remplir pour obtenir des subventions), aujourd’hui efficaces, qui allient des pays aussi différents que la Grèce et l’Islande sur des projets porteurs, avec une réelle circulation des talents et des réalisations. Et si elle cite la France comme un exemple qu’il convient d’améliorer, elle la décrit néanmoins comme « un pays de rêve pour le cinéma », parce qu’à contrario d’autres contrées, il y a des lieux pour accueillir des films inconnus, des spectateurs prêts à se déplacer pour les voir, un soutien moral évident, et que les pays qui ont imité son organisation ont vu leur activité s’envoler, telle la Pologne désormais dotée d’un Centre National du cinéma à l’égal du nôtre, et qui affiche aujourd’hui une soixantaine de films produits.
Merci à Irena Bilic pour son temps et ses explications.
Et plus si affinités