La Nature, qu’est-ce que c’est ? Non pas dans le réel, mais dans nos esprits ? Comment concevons-nous l’idée de Nature ? Comment en faisons-nous une abstraction ? Comment, à partir de l’étude de ces écosystèmes qui nous entourent, dérivons-nous vers une allégorie, une figure mythique, un concept ? C’est en substance la problématique qui alimente la démarche artistique de Marc Dion.
Un sens poussé du réalisme
Une démarche prolixe. Né au début des années 60, ce plasticien américain a placé les sciences naturelles au centre de son travail d’artiste, pour mieux réfléchir sur leurs points communs et leurs dérives. Il interroge ainsi la manière dont elles ont éloigné l’Homme moderne de la Nature même qu’elles sont censées explorer. Sa marque de fabrique ? L’installation grandeur nature, dont il multiplie les déclinaisons avec un sens poussé du réalisme.
Des dioramas à taille humaine
Ces espaces, il les scénographie en effet avec une précision maniaque, une rigueur scientifique, un souci du détail naturaliste. Depuis les années 90 où il a commencé à créer, il a multiplié ces dioramas à taille humaine où l’humain n’apparaît que par objets interposés. Habitué des Cabinets de Curiosités, il lui arrive de composer d’autres tableaux, en s’inspirant par exemple du matériel qui compose les missions scientifiques in situ.
Profusion, étouffement, angoisse
On appréciera la multiplicité d’objets, leur alignement méticuleux, leur caractère militaire, … leur parfaite inutilité ? Accumulation de choses à la Perec, qui captent le regard et comblent le vide de l’existence par un consumérisme trompeur, pollution du monde et de l’âme, parasitage du quotidien, destruction lente mais sûre de l’environnement… Au premier regard, cette profusion étonne, elle amuse. puis au fil des observations, elle éveille l’imaginaire avant de commencer à susciter l’étouffement, l’angoisse, la prise de conscience.
Et laisse le spectateur écrasé par la révélation de notre vacuité coupable.