Ah ! Le Nom de la Rose ! Ce film tourné en 1986 a su durablement marquer les esprits comme une œuvre hors pairs, incontournable. Et pour cause.
Une course haletante au meurtrier
Adaptée du non moins célèbre roman d’Umberto Eco (plusieurs fois rappelé dans le film de façon détournée dixit l’allusion à l’auteur Umberto de Bologne, ville du romancier), Le Nom de la Rose est filmé par un autre géant, à savoir Jean-Jacques Annaud. Forcément, la qualité s’en ressent, et il semblerait que la trame dessinée par l’auteur ait su orienter la caméra du réalisateur avec une grande justesse. Si de prime abord, c’est l’intrigue policière, cette haletante course au meurtrier, qui occupe tout le terrain, ce serait méjuger du réalisateur de La guerre du feu que de penser qu’il s’en est contenté.
Aux portes de la Renaissance
Car en cherchant sans pitié les auteurs de ces meurtres effroyables, Guillaume de Baskerville et son jeune disciple Adso incarnent la raison en passe de s’affirmer à la Renaissance toute proche. Renaissance dont on sent les fondations s’établir dans les consciences : la dispute entre les Franciscains et les ambassadeurs du Pape sur la pauvreté de l’église annonce le schisme protestant, l’argument de Baskerville « Le rire est le propre de l’homme » est celui de Rabelais, la Vierge à l’enfant devant laquelle Adso prie est taillée dans le plus pur style Renaissance.
Le combat entre l’obscurantisme et la raison
C’est donc un film sur la mutation lente mais assurée des esprits que Le Nom de la rose, un film également sur le combat entre l’obscurantisme et la raison, la raison et le bon sens triomphant au final, s’extirpant des flammes du bûcher pour aller vers la Lumière du progrès. Malgré le fanatisme, malgré la violence et la destruction. Ce n’est pas un hasard si l’autodafé humain coïncide avec l’incendie de la bibliothèque : c’est ici le Moyen Âge qui part en cendres, pour ensemencer les temps Modernes.