Jesus had a Sister Production par Dana Wyse : de loin on dirait juste une gondole de supermarché. Approchez-vous, vous distinguerez des sachets contenant pilules colorées, cachets multiples, seringues… Approchez-vous encore pour déchiffrer les étiquettes et au choix vous resterez sidérés, éclaterez de rire ou frissonnerez d’effroi.
Affreux et burlesque
Sur ces étiquettes au design vintage arborant des sourires rayonnant de blondeur béate et de perfection sirupeuse, des usages complètement délirants : assurer l’hétérosexualité de son enfant, être créatif à mort, accepter son homosexualité, apprécier la sodomie, devenir un super guitariste, s’affirmer comme un entrepreneur efficace, devenir célèbre …
Voici donc la recette miracle de l’artiste canadienne Dana Wyse, qui décline à l’infini et de façon farfelue, voire grotesque, nos envies, nos interdits, nos obligations d’humains modernes, aveuglés de perfectibilité, coincés dans leurs idéaux inatteignables comme rats de laboratoire sur la table d’autopsie du chercheur fou. Affreux et burlesque.
La monétisation de nos malheurs
Pilule placebo de nos chagrins, panacée illusoire de notre course au bonheur, les sachets envahissent notre champ de vision, étouffants et satiriques comme un miroir de nos vanités risibles. Pour enfoncer le clou, Dana Wyse a fait de ce principe une entreprise malicieusement baptisée Jesus Had a Sister Productions, soulignant par là et de manière magistrale la monétisation à tout crin de nos malheurs.
Difficile de faire plus violemment clair comme prise de conscience des effets pervers d’un système de consommation dont le socle moteur demeure l’entretien de nos frustrations métaphysiques renouvelées sans fin. L’artiste pousse la logique jusqu’au bout en vendant ces sachets miracles à ceux qui ont beaucoup d’humour et l’envie d’acheter un petit bout d’art à prix raisonnable. Une excellente idée cadeau !
Et plus si affinités
Pour en savoir plus sur le projet Jesus Had a Sister Productions, consultez la page Facebook de Dana Wyse.