De prime abord, l’ouvrage de Daniel Welzer-Lang, documenté qu’il est par les explications d’Albertine la professionnelle du sexe, aurait dû atterrir en section « Erotisme ». Et certains passages aussi explicites que coquins auraient pu justifier ce choix pourtant simpliste et réducteur. Car il s’agit bien ici d’une lecture sociologique de la prostitution comme métier, le plus vieux du monde certes, mais qui a su traverser les âges pour s’adapter aux exigences de notre mutante modernité.
Dans ces pages éditées avec soin par La Musardine, point de réseaux ni de mafia, point de commerce de chair, point de mac ni de trottoir, de maison de dressage ni de filles battues ou droguées. C’est volontairement qu’Albertine a embrassé cette carrière, comme une geisha ou une cocotte du temps jadis, carrière dont elle dissèque pour nous les enjeux, les pratiques, les obligations, le savoir faire, revenant sur le délicat problème de la vente d’une prestation sexuelle, de sa tarification, des différents types de clients, de leurs attentes.
Ces explications trouvent écho dans l’analyse qu’en fait Welzer-Lang, selon un principe de renvoi d’un univers à l’autre. Ce sont deux perceptions, deux positionnements, deux lexiques, deux modes d’expression qui ici dialoguent pour dévoiler les dessous d’une profession qui implique raffinement, rigueur, écoute et psychologie. Voyeurs graveleux, amateurs d’écrits libidineux, passez votre chemin : La putain et le sociologue est une analyse sérieuse, construite, qui interroge les transformations sociétales de notre siècle en soulignant leurs limites, en projetant leur portée.
La chose est d’autant plus intéressante qu’elle apporte un éclairage nouveau au balancier puritanisme/laxisme qui polarise nos échanges affectifs et sexuels.
Et plus si affinités
http://www.lamusardine.com/P15574-la-putain-et-le-sociologue-welzer-lang-daniel-albertine.html