Ok, ça c’est le report du vernissage officiel de Art Paris Art Fair 2014. People, comme il se doit pour tout event qui prend de l’ampleur. Une règle absolue notamment dans l’art contemporain. Il faut des célébrités pour inaugurer ce type de manifestation, célébrités que les communiqués de bilan s’empressent de lister : François Cluzet, Catherine Frot, Valérie Bonneton, Agnès Varda, Mathieu Demy, Jack Lang, Bernard Kouchner, Madame Toubon, Romane Sarfati, Dominique de Villepin, Vikash Dhorasoo, Stany et Dolores Chaplin, François Vincentelli, Edwy Plenel, Gérard Darmon, Pauline Lefèvre, Mickaël Cohen, Anthony Delon, Florence Foresti, …
Acteurs, réalisateurs, journalistes, vedettes, politiques, … S’ajoute à cette liste déjà bien conséquente les noms de collectionneurs pesant lourd sur le marché de l’art : Comte et Comtesse de Flers, Monique Pozzo di Borgio, Diana Widmaier Picasso, Edouard Carmignac, Samir Sabbet d’Acre, DR Uli Sigg, grands donateurs du Musée d’art moderne de la Ville de Paris, London Friends of the Hermitage, Patrons of the Whitechapel de Londres, The American Friends of the Musée d’Orsay, …
Pourquoi tant de pompe, me direz-vous ? Pour consacrer l’importance désormais incontournable de cette foire, contrepoint printanier de la très prestigieuse FIAC automnale. Equilibre du calendrier, moteur de l’économie du secteur, avec 140 galeries internationales venues de 18 pays, plus de 1500 artistes représentés, et 14.976 visiteurs enregistrés pour cette session 2014, soit 7 % de plus qu’en 2013, c’est désormais un fait acquis : Art Paris Art Fair plaît. Et la couverture médiatique, conséquente avec sa déferlante d’affichage, ses accréditations en masse, et son site interactif ultra visité n’est ici qu’un moteur supplémentaire pour mettre en avant un concept de qualité, sélectif, exigeant qui met en exergue la créativité venue de Russie, d’Europe Centrale, du Moyen Orient et d’Asie.
Un vivier incroyablement riche et surprenant que cette zone géographique très convoitée mais méconnue, vers laquelle les yeux des professionnels se fixent avec attention. La nouvelle cartographie dessinée par le documentaire La Ruée vers l’art prend corps et visage dans les allées éphémères du Grand Palais. Du 27 au 30 mars 2014, des galeries russes et asiatiques, ont exposé de même que des galeries européennes spécialisées dans ce domaine, parmi elles Hua Gallery – Londres, Adler Subhashok Gallery -Bangkok, 313 Art Project – Séoul, 10 Chancery Lane Gallery – Hong Kong, Beautiful Asset Art Project – Pékin, Blindspot Gallery – Hong Kong, Ifa Gallery – Bruxelles/Shanghai, Island6 – Shanghai/Hong Kong/Phuket, M97 Gallery – Shanghai, Red Bridge Gallery – Shanghai, Xin Dong Cheng Gallery – Pékin …
Quelques exemples d’une activité en pleine ébullition, notamment en Chine, omniprésente parmi les exposants, galeries et artistes confondus, puisque invitée d’honneur du salon, à l’occasion des 50 ans des relations France-Chine. Et Art Paris Art Fair 2014 de devenir le miroir de l’art sino contemporain, entre valeurs confirmées et figures émergentes. Une véritable plongée dans ce que le pays du sourire peut produire, et plusieurs constats s’imposent alors que nous passons d’un stand à l’autre :
– Maleonn, Feng Zhengjie, Liu Bolin, Huang Yan, Liu Wei, Qiu Zhijie, … plusieurs des artistes présentés ont déjà une aura internationale, une cotation et un public de fidèles, des aficionados qui ont commencé à acheter leurs travaux ;
– les galeries d’art chinoises gagnent en maturité, en professionnalisme, ouvertes sur les modes de fonctionnement à l’occidentale, beaucoup plus impactantes dans la prise de risque et l’offensive créatrice ;
– les œuvres exposées sont beaucoup plus variées quant au support, au thème, au volume également, allant de la simple estampe à la sculpture monumentale, de la photo à la performance.
Il serait trop long de chroniquer l’ensemble des créateurs listés, que vous pouvez du reste découvrir sur le site de la foire. Il est malgré tout envisageable de cerner ces tendances au travers de trois figures, qui ont accroché notre attention par leur statut, la qualité et la pertinence des œuvres, leurs singularités, et le travail effectué par des galeries pour les mettre en avant en Occident : Gao Xingjian, Li Wei, Yan Heng.
Gao Xingjian – Galerie Claude Bernard
C’est la Galerie Claude Bernard qui porte cette figure de proue de la créativité à la chinoise, u artiste pluridisciplinaire, que Vincent, notre guide sur le salon, nous présente en ces termes :
Art Paris Art Fair 2014 : Gao Xingjian – Galerie Claude Bernard by Delfromtheartchemists on Mixcloud
Li Wei – Galerie Paris-Beijing
Comme nombre d’autres artistes chinois, Li Wei travaille sur le corps, se mettant en scène des des photographies burlesques, où il défie les lois de l’apesanteur afin de saisir en un cliché l’humain en mouvement dans l’espace, en situation de danger. Il profite d’Art Paris Art Fair pour réaliser « Li Wei flies in Paris », photoperformance où il survole le salon habillé en cosmonaute :
Yan Heng – Galerie Sator
Si Gao Xingjian est une figure fondatrice et Li Wei une star du moment, Yan heng incarne la relève, la génération montante. Ses tableaux fusionnent l’anthracite et le kaki pour délimiter un univers étouffant où l’individu se retrouve cloîtré dans son corps, son esprit, ses peurs, ses rêves, ses obligations. Le poids d’une science inutile ?
Des formules mathématiques qui se fondent dans des schémas de biologie, des circuits électriques, des puces électroniques rouillées, des machines à laver hors d’usage, tout ici signale la vacuité de nos connaissances, de notre surconsommation face à la mort, crâne grimaçant : la Vanité moderne n’empêche ni la maladie, ni le handicap, ni la déliquescence des êtres.
Les tableaux de Yan Heng dévorent l’espace pour mieux interroger nos consciences, nous confronter à ce que nous sommes devenus. Un challenge que d’acheter ce type de création, qui envahit les murs en dehors de son cadre initial, brisant les délimitations de l’imaginaire pour investir notre réel. Un challenge autant qu’un coup de cœur pour le collectionneur qui acceptera de laisser le regard de cet artiste l’englober pour mieux le faire penser.
Un grand merci à Vincent pour ses explications.
Et plus si affinités