C’est enfoncer une porte ouverte que de souligner l’omniprésence du Moyen Orient à l’avant-scène de l’actualité mondiale. Omniprésence quotidiennement commentée par la presse écrite et les JT, alimentée du reste par les retombées du Printemps arabe, les spasmes de la réalité israélo-palestinienne, les fluctuations des investissements qatari ou le prix du baril de pétrole saoudien.
Cette région du monde change à vive allure, occupant une place toujours plus importante dans les tractations diplomatiques internationales comme dans les enjeux économiques mondiaux. Ces mutations nécessitent des explications, des clefs que les média ne fournissent pas toujours dans le flot des actualités. Un véritable manque qu’il convient de combler intelligemment à l’heure de cette ouverture.
C’est ici que la collection lancée en 2013 par les éditions De Boeck intervient pour apporter le socle de connaissances nécessaires a la juste appréhension de ces cultures. Dirigée par Mathieu Guidère, agrégé d’arabe, diplômé de traduction et spécialise en géopolitique, Monde arabe, Monde musulman prend le parti d’aborder le sujet pays par pays, dans des ouvrages spécifiques prenant en compte la singularité historique, culturelle, politique et sociale de chaque nation.
Nigeria, Iran,Syrie, Tunisie, au lendemain de ce Printemps arabe cité plus haut et qui a modifié bien des paramètres géopolitiques, il devenait urgent de faire le point sur des bases nouvelles à partir de données fiables et récentes. C’est ici le cas, comme le prouve le livre Qatar que nous avons parcouru avec attention car ce petit état au pouvoir grandissant fait l’objet de bien des convoitises, des séductions et des appréhensions, ressassées à longueur d’émissions et d’articles qui jouent très souvent la carte de l’indignation anxiogène.
L’auteur Nabil Ennagri, spécialiste de la question qatari, en dissèque les moindres nervures sans parti pris, loin des passions partisanes, dans une langue accrocheuse, rigoureuse et précise, expliquant en une centaine de pages les forces et les faiblesses de ce soft power à l’orientale. Ces lignes permettent de mieux saisir la politique d’investissement régulièrement mise en exergue par les media, de la replacer dans un projet de développement sociétal consécutif d’un coup d’état en douceur doublé d’une véritable volonté d’ouverture à la modernité.
Ainsi Qatar aborde le fonctionnement du pouvoir qatari, les changements diplomatiques aussi bien que les anecdotes culturelles : faut-il dire qatari ou qatarien ? Qu’en est- il de la gestion des ressources minières ? La société du Qatar entre-t-elle résolument dans une modernité à l’occidentale ou se replie-t-elle sur l’ancestrale culture bédouine qui constitue ses racines ? Quid du contrôle des media et d’Al Jazeera ? Problématiques et explications s’enchaînent pour dérouler une juste cartographie, outil précieux pour professeurs, étudiants, simples curieux, visiteurs potentiels ou entrepreneurs désireux de pénétrer ce marché, …
Cette diversité de cibles fait l’intérêt de la collection conçue comme un véritable outil de travail, un socle objectif, une approche sérieuse et scientifique, dont on peut à volonté creuser les facettes à partir des références bibliographiques précisées à chaque chapitre. La configuration de ces ouvrages s’adapte à chaque culture, comme en témoignent les sommaires différenciés de chaque fascicule de la collection, architecturé à partir des enjeux spécifiques de chacune de ces contrées. De fait, les livres peuvent être consultés indépendamment ou en complémentarité pour une vision complète des paramètres géopolitiques de la zone.
Un travail qu’il convient de retenir et de conseiller car il apporte cette analyse qualitative et démythifiée dont chacun a besoin pour équilibrer sa perception et enrichir sa connaissance.
Et plus si affinités