« Plus de 1 200 œuvres de 500 artistes forment un long ruban d’environ 3 mètres de haut et 278 mètres de long sur toutes les cimaises de la fondation ». En ces termes, le principe est simple, mais sur le terrain Le Mur est bien plus complexe :
Le Mur, oeuvres de la collection d’Antoine de… par lamaisonrouge
Oui, pour célébrer ses 10 ans d’activisme, la Maison Rouge a tapé fort, interrogeant de visu l’acte d’exposer comme un prisme de la créativité multiple. Qu’est-ce qui motive le choix d’un collectionneur ? Comment présente-t-il les œuvres qu’il acquiert ? Comment la mise en regard des œuvres fait-elle sens ? C’est tout le processus d’exposition qui est ici au cœur de l’exposition : Le Mur pour une fois ne sépare pas mais rassemble, confronte, associe, montre, embrasse, absorbe. Et stupéfie.
Car ici l’accrochage relève d’un algorithme, d’un paramétrage informatique. Exit les perceptions et la logique humaines, les thématiques, les cartels, le besoin de classer et de synthétiser pour faire comprendre, ranger … et rassurer. La machine n’a pas eu pitié des sensibilités, dépourvue d’affect et de psychisme, elle a associé les œuvres sans se soucier de la célébrité des créateurs, du volume des créations, de la forme d’expression, des couleurs et des sujets. La violence des parallèles est parfois insupportable à aborder, rappelant que l’art n’a pas de merci dans le regard qu’il porte sur un monde cruel.
Point commun de tous ces tableaux, dans leur démesure, leur puissance évocatoire ou leur pudeur introspective ? Antoine de Galbert, collectionneur passionné qui a troqué sciences politiques et gestion d’entreprise pour les galeries d’art et la diffusion de la culture, le questionnement du mystère créatif et la révélation des talents du futur. Depuis l’inauguration du lieu en 2004, l’initiateur de la Maison Rouge en a fait une fondation reconnue d’utilité publique. Avec une ligne de conduite claire : inviter « des commissaires indépendants à explorer la diversité des champs de la recherche artistique actuelle, souvent par le biais de grandes collections privées internationales. La fondation veut, au long des expériences de l’art qu’elle provoque et propose, privilégier la multiplicité des démarches, des pratiques et des approches ».
Des expériences de l’art qu’elle provoque et propose ? Tous cannibales, Sous influences, … nous avons pu mesurer par nous-mêmes la qualité et la perspicacité de ces parcours aux angles d’étude surprenants et si justes, osés et risqués, volontairement impactant, qui posent l’art dans sa crudité et son engagement parfois borderline, dérangeant et choquant mais nécessaire car le reflet et le moteur de nos humanités. Le Mur résume de façon magistrale et intelligente ce visage de l’inventivité aussi bien que les 10 ans de travail menés par la Maison Rouge pour explorer cette face cachée.
On souhaite ardemment que les 10 prochaines années de la fondation seront tout aussi prolixes, parlantes et initiatrices.
Et plus si affinités