Du film de Jean-Charles Hue, on ressort avec l’impression étrange d’un choix nécessaire mais frustrant. Car c’est ici le sujet implicite de Mange tes morts : choisir entre le passé ou l’avenir, le bien ou le mal, la marge ou l’intégration.
Dés les premières minutes nous pénétrons l’univers de Jason, jeune gitan de 18 ans. Issu de la branche des yéniches originaires du centre de l’Europe. Comme ses cousins ou ses frères. Son frère Fred, justement, qui sort de prison après avoir purgé une peine de 15ans, pour l’entraîner dans une nuit d’aventure, en quête d’un camion de ferraille à dérober. Sauf qu’en quinze ans, le monde a changé. Cette nuit initiatique va décider du sort de Fred et de Jason : plonger définitivement dans le crime ou choisir la voie salvatrice de la foi ?
Par delà cette intrigue à suspens qui nous balade de rencontres en péripéties, le film de Hue a pour vertu de brouiller les frontières entre fiction et réalité. Ce sont des membres de la communauté du voyage qu’il a suivis, notamment les fils de la famille Dorkel qu’il fait tourner sous leur nom propre. Documentaire ? Polar ? Road movie ? Western ? Les genres se confondent et c’est ce qui fait la force de cette démarche filmique spécifique.
L’interprétation y gagne en véracité et en force brute, puisque les acteurs portent en eux ce choix quotidien et renouvelé d’un équilibre précaire entre intégration normalisante et respect des traditions et des modes de vie séculaires. A noter la très grande qualité de la photographie, qui valorise la perception nocturne de la banlieue par des éclairages superbes, un jeu de lumières somptueux.
Et plus si affinités
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