D’Hokusaï on retient habituellement une vue du mont Fuji et cette vague incroyable, depuis deux siècles répétées à l’envi par d’autres plasticiens qui y puisent l’inspiration. Un hommage vibrant mais réducteur, qui éclipse le travail énorme réalisé par cet artiste infatigable.
Né en 1760, mort en 1869, Hokusaï ne va jamais cesser de dessiner, faisant évoluer son patronyme au gré de ses mutations créatrices. Il laisse derrière lui des centaines et des centaines de productions, estampes, peintures, carnets, illustrations d’ouvrages qui témoignent de l’émergence du Japon à l’aube des temps modernes. Une déferlante dont l’exposition proposée par le Grand Palais retrace les différentes périodes, dans une prolixité d’exemples variant les formats, les supports et les matériaux.
Et quelques surprises de taille : ainsi Hokusaï fut l’initiateur des mangas, recueils d’esquisses destinés aux élèves désireux de se perfectionner (n’oublions pas que le travail de l’image connaît au Japon une véritable expansion en ce début de XIXème siècle et de fait s’institue comme un art consacré) ; par ailleurs il connut la célébrité en illustrant avec beaucoup d’esprit et d’humour des ouvrages de poésie comique ; il a également impacté la scène artistique française, découvert qu’il fut par Félix Bracquemond à la fin des années 1850.
Perfectionniste et inspiré, la variété incroyable des thèmes qu’il traite nourrissent sa légende au même titre que sa quête effrénée du vivant, du mouvement et de la nuance, son désir de transmettre un art ancestral qu’il respecte par-dessus tout. On prend réellement conscience de l’étendue de sa technique en observant les gestes des graveurs qui lithographient encore aujourd’hui comme alors, taillant le bois, infiltrant les couleurs tout en force tranquille. De toutes les impressions que procure ce parcours dans l’univers du grand homme, c’est cette quiétude confiante et détachée qui ressort.
Et plus si affinités