«Everything started in Miami Beach when we found ourselves over there during Spring Break. Two Frenchies in black hoodies lost in the middle of the beach and, a bit further, a crowd of American teenagers in a state of trance, dancing on EDM with their YOLO shirts. It was at sunset. This is when we had the idea to take this name”.
Voici comment le duo Sunset présente, de façon laconique, leur gestation : Miami, le soleil, des étudiants ivres en train de danser, le crépuscule … image consternante de la solitude moderne ? De quoi inspirer la ligne artistique d e cette formation volontairement tournée vers l’hybridation artistique avec une équation créative accrocheuse dont voici un exemple :
“Le noir est mon dresscode”, “ma 9 et demi, peut-être ma 10 », à coup de punchlines saignantes comme des griffures de scalpel, d’une voix monocorde et claire, les textes se déroulent au long d’épisodes vidéo à la plastique froide, sombre et orchestrée de photos de mode perverses marquées de l’aura d’un Bret Easton Ellis.
Armes létales, obscurité des tenues de commando, statufication des corps, Sunset veut chanter je cite « les vestiges romantiques de notre époque » en croisant poésie, photo, vidéo. Krystal, Kim, Cindy, Summer, Tara, chaque épisode de cette série au long cours se baptise d’un nom d’héroïne, et se sous titre d’anglais, un fait suffisamment rare pour être souligné et apprécié.
Amateur de la langue torturée d’un Musset ou d’un Baudelaire, le binôme par ses constructions de phrases fait hommage aux surréalistes comme à la verve destructrice de Taxi Girl, « Les armées de la nuit » ou l’ultime sublime « 13eme section », la froideur nonchalante d’Apoplexie, tandis que ses visuels jonglent avec les pietas de la Renaissance, les natures mortes classiques, enroulant des serpents autour de fusils à lunettes, des chats noirs et des livres dans les bras de belles militaires alanguies.
Entre photo d’art, panneau publicitaire et artwork, Sunset détourne les images, les recalibre : on pense à Kadebostany, à Fauve … On apprécie l’idée, on attend le suivi de cette aventure naissante, en priant que l’âme demeure au cœur de cette spirale sans se vendre aux spectres d’une opé de comm’ ?
Et plus si affinités