Le devoir de mémoire : voici le grand challenge à l’œuvre dans toute recherche historique. Avec comme moteur la volonté de trouver la vérité et comme enjeu la difficulté de l’exactitude. Car si les faits sont difficilement vérifiables sans croiser et confronter les sources, que dire alors des ressentis et des consciences, qui nous échappent pleinement ?
Peinture guerrière et outil de propagande
Et pourtant nous souvenir est vital : pour comprendre, pour commémorer, pour analyser, tirer des enseignements. C’est ce désir qu’Alexander Gronsky a placé au cœur de son travail photographique intitulé Reconstruction. L’artiste estonien, inspiré par le genre de la peinture guerrière telle qu’on la pratiquait à l’ère soviétique comme outil de propagande, a suivi d’un œil scrutateur mais néanmoins objectif les reconstitutions de batailles que ses contemporains aiment à produire, depuis les grands affrontements de la Seconde Guerre Mondiale jusqu’au conflit avec l’Afghanistan.
Cohésion autour d’une mémoire commune
Ses triptyques aux couleurs de neige alternent des temps et des perspectives différentes d’une même manifestation, approche symbolique de la multiplicité des perceptions, des analyses et des avis sur un seul fait historique. Il s’agit surtout de mettre en abîme la violence sublimée avec le caractère ludique que revêt la représentation des gloires passées, dans la quête d’une identité, d’une cohésion autour d’une mémoire commune. Le discours est fort, intelligent et original, à l’heure où l’outil internet multiplie les lectures et les illusions, remplaçant un regard unique et contrôlé par une myriade d’opinions trop souvent entachées de préjugés, qui augmente la nécessité presque maladive de se raccrocher à un patrimoine, une identité dans cette grande spirale de vide.
Et plus si affinités