Qu’y a-t-il de commun entre la gastronomie, le cirque et la démarche biographique ? Rien a priori sinon le brassage délicieux et surprenant que nous propose la quebecquoise Compagnie des 7 doigts.
7 doigts mais certainement pas deux mains gauches pour ces virtuoses venus de toutes les cultures nous raconter en chanson et en poésie des vécus qui reflètent les nôtres, autant de confessions qui ont lieu dans cette gigantesque cuisine, centre névralgique de la vie du foyer, lieu de tous les souvenirs, heureux, terribles, malheureux, qui soudain se métamorphose en piste aux étoiles.
Bondissant d’une révélation à l’autre, les jeunes gens occupent cette chaleureuse auberge espagnole de leurs prouesses d’équilibristes, mais la vie n’est-elle pas autre chose qu’une chute rattrapée ? Jonglage, acrobaties, trapèze, qui pourrait envisager la chose quand on pénètre la salle de la Cigale pour être accueilli par ces hôtes souriants qui viennent à notre rencontre afin de partager le repas qu’ils préparent ?
Mais très vite, les numéros vont s’enchaîner à un rythme frénétique tandis que les spectateurs viennent éplucher les légumes, battre une omelette, goûter une mixture. Cela n’arrête pas, et les difficultés techniques augmentent, pour arriver au climax d’un numéro de mât stupéfiant qui souligne le récit poignant de son auteur. Du rire beaucoup, jamais de larmes car il convient de résister au désespoir, c’est le sel de la vie.
On apprécie l’abolition de la limite scène/salle, la dextérité de ces athlètes, leur sourire et leur simplicité, leur douce folie, les ingénieuses mutations du décor dans lequel ils évoluent, la musique festive sur laquelle ils chantent, les pâtes et le gâteau à la banane qu’ils nous servent à tous à la fin du spectacle, comme un moment supplémentaire de partage original et sincère, une communion.
Et plus si affinités