Aujourd’hui on en trouve des variétés, des qualités, des usages différents. Thé, café et chocolat sont des produits alimentaires de base, référencés en bourse, communs dans le panier de la ménagère. On en boit à la chaîne, on en croque à la demande. Il n’en fut pas toujours ainsi et le musée Cognac-Jay se charge de nous le rappeler au travers d’une exposition fine, intelligente et précieuse.
Car dés leur découverte au crépuscule du Moyen Age, ces boissons exotiques marquèrent les imaginations avant de charmer les papilles et d’adoucir les mœurs. Véritables alicaments de luxe, ils vont progressivement investir les us et les coutumes de la très haute société, au point de devenir l’attribut indissociable de la conversation et de l’échange social tel qu’il fut pratiqué au XVIIIeme siècle.
Essor du commerce oblige, ces produits vont petit à petit séduire les esprits, malgré les réticences proclamées de certains, bénéficiant de la publicité d’autres. Les témoignages abondent qui émaillent la littérature et les mémoires du temps. Les idées des Lumières vont prendre coprs dans les cafés et les salons où l’on disserte autour des délicieux breuvages consommés dans des services en porcelaine tous plus beaux et originaux les uns que les autres.
Chocolatière, cafetière, théière constituent les outils de base de cet équipement conçu comme une affirmation de réussite sociale, tandis que les recettes doucement envahissent les livres de cuisine et les menus des chefs. De la découverte à la ritualisation, le parcours analytique proposé par le musée retrace cette mutation en trois volets distincts : « Vertus et dangers des boissons exotiques », «Cercles de consommation », « Nouveaux services » nous expliquent en images et en objets comment ces liqueurs sont entrées dans nos vies.
Développement d’un marché, ancrage dans les mœurs, débat sur leurs avantages et leurs inconvénients, création de matériel dédié, source d’inspiration, il est drôle de voir ces liquides aujourd’hui banals, se glisser malicieusement dans les tableaux de Boucher ou Chardin pour en devenir les vedettes. S’invitant dans un coin, le détail d’une table, ils métamorphosent les portraits en scène de genre, comme pour embellir un quotidien désireux de beauté. Les accessoires qui nous sont dévoilés confirment l’impact de cette silencieuse et charmante conquête. On reste songeur devant cette tranquille élégance datant d’un autre temps, quand ces mets faisaient exception, n’étaient pas simple consommation mais rituel social et intellectuel.
Exposition Thé, café ou chocolat? | Musée… par paris_musees
Et plus si affinités
http://www.museecognacqjay.paris.fr/les-expositions/cafe-ou-chocolat