Au centre de cette histoire deux enfants, Pavel et Anya. Lui travaille à l’usine, elle passe son bac. Ils s’aiment, devraient se séparer … Leur monde doucement s’écroule autour d’eux, avec cette entreprise qui menace d’être rachetée, des parents fermés sur eux même, et l’âge adulte qui approche, au risque d’y perdre ses illusions. Tous les repères s’effacent, tout est à construire, tout est révélé. Prenant conscience des mensonges qui l’entourent, Pavel s’enfuit, on le croit disparu, peut-être mort. Il en profite pour se terrer, enquêter sur l’usine et son rachat, dénoncer les vérités, aimer cette amie d’enfance pour qui il se damnerait.
Les Révoltés de Simon Leclère – Bande annonce from jour2fete on Vimeo.
Mais les révoltés n’ont visiblement que peu de place dans ce monde et c’est une tragédie qui se noue. Ses paramètres, ses raisons, ses dommages, il ne convient guère d’en parler ici, ils font partie de l’intrigue … et ne sont pas si conséquents. Ce qui importe dans ce premier film de Simon Leclère, c’est la confrontation des consciences, la violence sourde de la société opposée à la pureté des coeurs, les compromis des uns, les intransigeances des autres, la désynchronisation des choix, les multiples voix de la rébellion, du refus.
Des dialogues épurés, simples, une histoire qui se déroule en demi teinte, des caractères qui s’affirment, et seuls au milieu des concessions lâches et si humaines, ces deux gosses dépassés par ce qui les entoure, mais qui vont lutter. On appréciera l’interprétation de Paul Bartel et Solène Rigot, qui apportent fraîcheur, fougue et passion à leurs personnages. On notera aussi l’émergence d’une narration qui délivre un message à multiples facettes sans s’enfermer dans une seule ligne directrice. Les choses de la vie ne sont pas si claires, ni si linéaires et l’écriture en mosaïque restitue parfaitement les multiples tensions qui assurent l’élasticité du récit.
Comme un miroir, la Loire et ses méandres, ses courants et sa verdure font écho aux doutes, aux peurs, aux convictions des protagonistes de cette petite tragédie du silence, dont les pulsations évoquent celles d’un drame de Tchekhov. Au cœur du propos, c’est la question de la lutte qui est posée : lutte contre l’injustice, lutte pour l’amour, lutte pou l’acceptation, l’affirmation. La lutte et les illusions qui la bercent. « Utopiste debout » clame une banderole dans le bureau du père de Pavel, ancien syndicaliste désabusé et infirme : la question est de savoir si notre monde le permet encore, et si oui à quel prix.
Et plus si affinités
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