Prendre du temps pour soi, lire, s’amouracher de personnages, suivre leurs aventures, se plonger dans leur univers … Avec Véra Cabral, petite nuance cependant car vous risquez fort de frôler l’infarctus à chaque page, avec à l’appui une bonne nausée doublée d’un rictus sarcastique.
Psychiatrie d’urgence
C’est que l’existence de Véra n’est pas des plus simples (sinon elle se ferait chier, faut bien l’admettre). Délaissant le cocon financièrement doré de son cabinet privé, la belle, flamboyante rouquine et mystérieusement androgyne Véra a choisi de plonger tête baissée dans la psychiatrie d’urgence, intégrant le très contesté C.I.P. pour passer ses nuits et ses jours (surtout ses nuits) à jouer les médiatrices entre tous les psychopathes de l’Île de France et les forces de police.
Tentatives de suicide, prises d’otages, délires paranoïaques, enlèvements, meurtres bien sûr, la dame a du pain sur la planche et du sommeil à rattraper. Sans compter sa tribu familiale, portugaise d’origine, intrusive et manipulatrice au possible, et une vie sentimentale chaotique, pimentée par certaines particularités physiques qui n’aident pas spécifiquement à trouver l’âme sœur. A partir de ces ingrédients, Virginie Brac façonne trois polars juste explosifs qui se dévorent à la file, et dont on boucle la dernière page à regrets et sans même avoir eu le temps de comprendre.
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Un rythme infernal
C’est qu’elle est attachante, cette Véra, indépendante, caustique, fonceuse, qui ne ferme pas sa gueule face à l’establishment et possède le don de se fourrer dans des draps à la propreté plus que douteuse. Tropiques du pervers, Notre Dame des barjots, Double peine, d’une plume survoltée, la romancière balance son héroïne dans les pires situations dés les premières lignes de chaque intrigue. Et le lecteur est ferré, suffoquant dans ce rythme infernal, cherchant son souffle tandis que la belle essaye de retenir dans la vie ceux qui veulent chuter dans l’au delà, si possible en entraînant d’innocentes victimes dans leur néant.
Outre des intrigues alambiquées et des punchlines mordantes, l’intérêt des romans de Brac réside dans l’exactitude du tableau faisant état de la misère psychiatrique française. Opposition flics/psys, manque de moyens, mépris des médecins et des chirurgiens, implosion du milieu carcéral, … cela fait peur. Et cela dérange car les failles psychiques qui absorbent la conscience et la moralité des criminels que Véra côtoie au quotidien même au plus haut de l’appareil d’État (ah oui, Véra a le don pour attirer les flics disons décalés pour rester polis ), nous pourrions tous en subir le joug. Voici qui donne à réfléchir sur le concept de culpabilité ?
Et plus si affinités
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