Une fois de plus Valentin retrouve sa grand-mère, mystérieuse polonaise qu’on surnomme la Duchesse de Varsovie. Qui est-elle ? Quel est son passé ? Alors qu’elle se replie farouchement sur sa mémoire, Valentin se perd dans son présent, en quête d’inspiration pour ses toiles et ses amours. Ce qui le bloque, l’empêche de s’épanouir ? Ne serait-ce pas ce secret que Nina garde au fond d’elle-même ?
A partir de ce simple thème de la transmission d’un patrimoine, aussi douloureux soit-il, Joseph Morder déroule une fable d’une tendresse bouleversante, qui prône la réconciliation et le partage. La complicité également. Nina et Valentin partagent un amour puissant, chacun comprend l’autre sans qu’une parole soit émise. Comme pour souligner cette relation fusionnelle, le duo évolue dans un décor dessiné en tons pastels, qui réconcilie avec la candeur enfantine.
Un songe ? Une bande dessinée ? Un livre qui s’anime ? Doucement, alors que l’aveu de l’innommable affleure sur les lèvres de Nina, le monde sombre dans les ténèbres pour finalement se rouvrir au soleil et à la couleur. Après La Vita e bella de Begnini, La Duchesse de Varsovie offre un regard original sur l’horreur de la Shoah et la manière dont elle transpire de génération en génération. D’un grande douceur, le propos n’en est pas moins poignant et fort, à son apogée avec la confession de Nina.
Un simple récit, qui se charge de toutes les émotions, chagrins, peurs, colères, impuissances accumulées au fil du temps. L’incompréhension devant tant de barbarie inutile … Ainsi équilibré, le scénario, selon moi, s’adresse à chacun pour offrir un autre angle d’approche, qui rappelle par instant le temps du Ghetto de Rossif, quand le réalisateur faisait la focale sur le visage des rescapés. Mais Nina n’est pas qu’un personnage tragique, en nous parlant, elle transmet comme elle le fait à son petit fils.
Elle transmet et elle rassure : oui on peut survivre à cela, oui on peut reconstruire, oui, on peut surmonter. Mais en aucun on ne peut oublier. Tout alors dépend de la manière dont on va partager. A sa manière le film de Morder repense ce partage, en le destinant aux jeunes générations comme aux plus matures.
Et plus si affinités
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