On désespérait un peu de découvrir cette année un nouveau groupe, voire un premier album. Quand la bonne nouvelle provient en plus d’un label quasi-inconnu, qui sort, après quelques cassettes, son premier vinyle, la chronique est inévitable.
Basé en Alabama, Noumenal Loom fait partie de ces officines électroniques qui, depuis quelque temps, émergent sans complexe des États-Unis. Le groupe Earthly, composé de Edaan Brook et Brint Hansen, n’est pas très loin, en Caroline du Nord. Précisions géographiques nécessaires, pour bien écouter leur premier album Days, qu’on n’attendait pas ou peu depuis ces contrées sudistes. Les stéréotypes ont la vie dure et c’est tant mieux. Car avec Days, c’est un air doux et psychédélique qui traverse nos oreilles. Une musique pleine de samples de toutes sortes, de voix et de petits bruits bizarres, de beats bricolés . Amusante, légère, anecdotique diront certains.
La musique de Earthly n’est absolument pas sérieuse. Et c’est ce qui fait sa force mélodique et dansante, comme en témoignent les mini-tubes « Glaze » ou « Wink ». Mais derrière cette collection de pépites à peine brouillonnes, se cachent déjà des horizons musicaux beaucoup plus vastes, des promenades extra-terrestres traversées de cordes ou de cuivres enchanteurs. Un témoignage ambient du bel effet et un exercice de production artisanale admirable pour ce jeune duo.
Pas étonnant qu’Eric Copeland, adepte, lui-aussi, du collage bruitiste et des danses impossibles au sein de Black Dice ou en solo, ait accepté de faire un remixe du titre RGB pour Earthly. Il vient justement de délivrer un Ep de quatre versions de son album de 2013, Joke in the hole. Deux de celles-ci nous intéressent plus particulièrement : « Cheap Treat » revisité par Fhloston Paradigm (alias de King Britt), épopée broken beat sombre et intense de 10 minutes. Et le même titre revu et chanté très très haut par Panda Bear, sans peur du ridicule, conservant un grain de folie idéal pour ce genre d’entreprise.
A ce petit jeu du « qui remixe qui », Panda Bear fait office de figure tutélaire dans cette famille psyché-pop. La sortie récente de son Crosswords EP a des allures de cadeau et ne fait que renforcer le pouvoir se son album paru en début d’année. Inédit jusque là uniquement joué en concert (Jabberwocky), anciens morceaux retravaillés (The Preakness, Cosplay) et le tout nouveau No Mans Land, confirme une fois de plus la souveraineté de Noah Lennox dans le monde pop d’aujourd’hui. A défaut d’étonner (son album mythique, Person Pitch date de 2007), Panda Bear continue de fasciner par son exigence.
Et plus si affinités