C’est un fait : vu de l’étranger, le français est un gros gueulard, qui aime hausser le ton et pérorer comme un coq. Prétentieux, grossier, individualiste, bref un fouteur de merde qui s’ingénie à coller le dawa dans la communauté parce qu’il se la joue perso, ne pensant qu’à ses petits intérêts. Stop ! On arrête avec ce cliché et on parcourt fissa les 144 pages de La France qui gueule !
«Ces dates qui ont bousculé notre histoire«
Avec cet ouvrage, il s’agit de mettre les pieds dans le plat et les pendules à l’heure. Le sous-titre est limpide : nous voici confrontés à «ces dates qui ont bousculé notre histoire». Bousculé ? Bien plus, il s’agit ici d’énumérer ces crises qui ont fait convulser le corps social hexagonal au travers du temps, avec comme objectif de lui faire régurgiter ses mauvaises habitudes pour en acquérir de meilleures, plus justes, plus égalitaires.
Pauvres gens vs classes dirigeantes
Plusieurs remarques :
- La plupart des coups de force évoqués au fil des siècles sont liés aux excès des classes dirigeantes qui exploitent sans vergogne les pauvres gens, pauvres gens qui craquent très légitimement, parce que trop c’est trop.
- Acquérir des droits est déjà compliqué, exige constance et volonté, les conserver l’est encore plus et nécessite une vigilance de tous les instants, car ils sont nombreux qui aimeraient bien qu’on les perde ces droits.
- Le dialogue, c’est bien mais avec des autorités atteintes de surdité et autistes par-dessus le marché, on ne peut faire autrement que d’aboutir à l’action, grève, manif, soulèvement.
Une lutte constante pour la liberté
Illustrés de main de maître par une légion de graphistes de grand talent qui s’inspirent de la longue tradition de l’affiche politique, les textes de Manon Paulic retracent une récurrence : les 60 dates qu’elle résume éclairent une lutte constante pour la liberté, de pensée, de culte, d’expression, de vote, d’entreprise, … Dernière date évoquée : la marche du 11 janvier 2015 en mémoire du massacre de Charlie Hebdo rappelle que le peuple ne doit en aucun cas brader son droit à la revendication, ni cette formidable force de contestation qui a fait progresser la France. Dans cette perspective, gueuler n’est plus un défaut mais une sauvegarde.