De La Chambre d’échos on retient en première écho ce joyau de bonne humeur et de légereté qu’est « Comme une évidence » :
Une fois en tête, cette compo reste, imprègne la mémoire, appose son style, s’impose comme La note dominante de l’album. Méfiance pourtant car si il en est le pilier central, ce morceau constitue un leurre, l’arbre qui cache une forêt bien plus complexe et étoffée qu’un hit aux accents britanniques.
Il faut lui opposer par exemple « Instants choisis » qui introduit cet album comme le ferait une préface d’un recueil de poésies en prose ? L’écart est de taille et je ne vous cache pas qu’il m’a déroutée très longtemps. Aussi j’ai réécouté La Chambre d’échos plusieurs fois avant de me décider à saisir ma plume pour chroniquer ce premier opus du duo Ruben. Personnage biblique assez complexe que ce Ruben, à moins que Florian Mona et Yann Chéhu n’aient choisi ce patronyme pour le velouté de ses consonances ? Tous deux rennais, ils mettent ici de côté leurs projets initiaux et s’offrent la fraîcheur d’un side project des plus intimes. C’est qu’ils ne sont pas des inconnus ni des novices.
Si depuis quelques années Florian Mona cultive une pop poétique et sucrée, Yann Chéhu s’impose sur scène sous les traits de Mr Eleganz, leader du combo electro rock Success. Pourtant ils laissent leur ego de frontman à l’entrée du projet Ruben, comme pour y retrouver une candeur, une pureté originelle. En conséquence cette chambre d’écho résonne de bien plus que des sons. Dénué de paroles excepté sur « L’urgence» seul morceau chanté dans cette effervescence instrumentale par un GaBlé aux accents 30’s, le LP s’épaissit de cadences synthétiques et electronica qui parlent très nettement à l’émotionnel, tout en évoquant des sensations artistiques puissantes. Les titres apportent autant d’éclairage que de mystère dans le déchiffrement de ces énigmes sonores.
Prenons notamment « La course à l’abîme » référence au roman de Fernandez consacré au Caravage ou « La peinture américaine » qui semble souligner musicalement la solitude hébétée et fataliste des tableaux de Hopper … On en vient à se demander si finalement la musique distillée par le binôme n’est pas pensée comme une œuvre impressionniste, tissée de ressentis multiples, donnant à voir des perceptions et non des réalités. Quoi qu’il en soit, La Chambre d’échos éclate le cadre de l’album léger et dansant pour proposer une écriture beaucoup plus alambiquée et dense, qu’il ne faut surtout pas enfermer dans un style, une définition, un cadre, un concept. A n’en pas douter, le prochain album de Ruben nous surprendra d’une intensité égale, mais avec des pépites bien différentes, car leur écriture se veut, se revendique différence absolue et continue.
Et plus si affinités
www.facebook.com/rubenisourname