Une fois n’est pas coutume, notre film de la semaine est un film d’horreur … ou presque. Si Ava’s Possessions se distingue, ce n’est pas tant par le caractère gore et réaliste de ses effets spéciaux que par l’originalité de son scénario.
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Possédée malgré elle, Ava Dopkins reprend conscience d’elle-même après plusieurs semaines de folie et une séance d’exorcisme musclé. Elle retrouve son appart et sa vie dévastés, a cassé la figure à ses parents, a perdu son mec, ses potes ne lui parlent plus, elle se fait virer de son job de DA, bref la cata complète. D’autant qu’elle ne se souvient de rien. Contrainte de suivre des séances de rehab pour anciens possédés anonymes, elle comprend la gravité de la situation quand elle découvre une tache de sang planquée sous son tapis.
A ce stade il faut très vite reconstruire le puzzle de sa mémoire : car il se pourrait bien qu’elle ait commis un crime, à son corps défendant. Prise à la gorge par la justice, isolée, considérée comme une folle par ses proches qui voudraient bien la faire interner, elle va de plus devoir composer avec le démon qui la harcèle constamment à coups de tambours. Et très vite elle va comprendre que sa possession n’est pas qu’un accident et a finalement servi les mauvais desseins de bien d’autres personnes.
Entendons-nous bien : Ava’s possessions n’est pas un chef d’oeuvre et se situe loin derrière les indétrônables classiques que sont L’Exorciste et Evil dead. Mais l’intrigue tissée par le scénariste et réalisateur Jordan Galland a l’avantage d’aborder un sujet resté dans l’ombre : quid du possédé après qu’il ait été purgé du démon ? Y a-t-il une vie après l’exorcisme ? Comment faire pour 1. réintégrer sa vie ? 2. se protéger ? 3. trouver les racines du Mal ? Ces questions sont toujours demeurées dans l’ombre, les cinéastes préférant miser sur le suspens des phases progressives de l »emprise diabolique et leur dénouement spectaculaire.
Galland choisit d’explorer l’après avec des lendemains qui ne chantent pas forcément car ils impliquent de questionner le pourquoi : pourquoi ai-je été choisie ? Est-ce mon démon qui a accompli tous ces méfaits … ou cela sommeillait-il en moi ? Comment puis-je lutter face à cette addiction ? Car la possession est similaire à une drogue et l’addiction n’est pas loin. On peut même apprécier son démon, en tout cas composer avec pour en faire un allié, voire un complice, peut-être même un ami.
Jonglant avec ces hypothèses pour le moins glissantes, Galland compose un film équilibré, qui accroche l’attention du spectateur sans l’engloutir sous des flots d’hémoglobine. Ava de plus n’a rien de ces ados hystériques qu’on nous exhibe à longueur de séries Z : c’est une jeune fille indépendante qui travaille, a une vie amoureuse, est socialement insérée, et compte bien ne pas se laisser emmerder par qui que ce soit, encore moins un diablotin de seconde zone. Difficile de ne pas s’identifier. Le tout est tourné avec des images très colorées, qui évoque le travail de Dario Argento dans Suspiria ou Inferno ou Le Jour de la Bête d’Alex de la Iglesia.
Ce côté kitch, très claquant de l’image tire le film du côté de la vie, de la fantaisie, de la fête. L’ombre y est rare, marque le côté négatif de l’héroïne. C’est simple pour ne pas dire manichéen mais ça fait son effet. En bref Ava’s possessions a le mérite de proposer un divertissement inattendu, bien interprété, troussé très honorablement avec un angle d’attaque surprenant et intelligent. A voir donc, car cela tranche avec la litanie des histoires de zombis et autres films horrifiques qui ressassent toujours les mêmes thèmes, les mêmes rebondissements, les mêmes personnages.
Et plus si affinités
http://avaspossessions.com/