L’assassinat de John F. Kennedy a fait couler beaucoup d’encre et inspiré quelques longs métrages et reconstitutions. Parkland, sorti en 2013, vient en compléter la liste, avec une approche qui privilégie très nettement l’émotionnel et le dommage collatéral.
Sensation de foudroiement
En 1 h 30 d’images saccadées et prenantes qui évoquent par bien des côtés les images traumatisantes tournées par Zapruder, Peter Landsman adapte le livre de Vincent Bulgiosi Four days in november : The assassination of president John F. Kennedy. Nous revivons ces jours meurtriers du point de vue de personnages parallèles : Zapruder lui-même, témoin malgré lui d’un meurtre abominable, les agents secrets en charge de la sécurité de Kennedy, le frère d’Oswald, le jeune médecin qui prend en charge le mourant amené en catastrophe à l’hôpital de Parkland.
Parkland où quelques heures après le décès de JFK, on amène son prétendu assassin agonisant. La boucle est bouclée, le mystère demeure, les deux mises en terre s’exécutent presque au même moment. Et aucune des personnes touchées, de près ou de loin, n’en sortira indemne. Le spectateur non plus qui prend de plein fouet cette sensation de foudroiement, soulignée par le timing affiché à chaque changement de lieu.
Moins d’une heure
Nous suivons le positionnement des protagonistes sur un échiquier dont ils ignorent l’existence jusqu’au coup de feu fatal et irréversible. Et le chaos qui s’en suit. Avec son sentiment d’impuissance, l’incompréhension, la colère générée. La peur. L’impression d’être pris au piège, dépassé, enlisé dans une mécanique que tout le monde pressent mais dont personne ne peut saisir les engrenages.Collant aux événements qui s’enchaînent, aux visages décomposés, aux mains sanglantes, aux mâchoires crispées, aux regards perdus, la caméra se fait intrusive, impudique.
Tandis qu’on fouille les entrailles pour empêcher la mort de faire son oeuvre, le sentiment d’assister à un sacrilège nous saisit. Contrairement au très construit JFK de Oliver Stone, Parkland n’offre aucun recul, mettant en exergue la consternation, la panique à l’oeuvre . Et la rapidité avec laquelle le destin a frappé. Il aura fallu moins d’une heure pour que JFK débarque à Dallas, prenne la route, soit assassiné, emporté aux urgences, déclaré mort, placé dans un cercueil, puis ramené à Air Force One dont il a fallu démolir les sièges pour y placer la bière. Moins d’une heure.
Et des milliers de questions, alimentées par l’incompétence des uns, la lâcheté des autres, l’état traumatique de l’ensemble.Le film n’apporte aucune réponse, il n’interroge pas. Il se contente d’évoquer une tragédie, dont les retombées furent avant tout humaines. Les incertitudes demeurent, le film ne s’en préoccupe pas, préférant s’arrêter à l’immédiateté, dans une succession de plans épileptiques. Ce récit chronologique privilégie le pathétique, l’instantané. Mais l’évocation de cet assassinat peut-elle se passer d’une prise de recul et d’un regard rationnel ? C’est toute la question.
Et plus si affinités