Ce n’est pas moi qui le dis, mais l’intéressé lui-même qui qualifie cette monographie de « carnets, collections et autres obsessions« . James Cameron en remet une couche dans les premières lignes de la préface avec les termes « artefact » et « portail ». Ainsi lecteur, que tu sois féru de culture cinématographique, adepte de fantastique ou simple curieux désireux d’enrichir tes connaissances, ces 265 pages vont t’ouvrir les portes du monde intérieur du réalisateur Guillermo Del Toro. Et tu ne vas pas être déçu !
Au cœur de la Bleak House
En effet, ce très beau livre édité en 2013 chez Huggin & Huggin a le mérite de croiser les propos du cinéaste recueillis par le journaliste Marc Scott Zicree et la somme impressionnante de documents, croquis, carnets de notes, synopsis et autres storyboards produits par l’artiste en amont de chacun de ses films. Sans compter les clichés pris au cœur de la Bleak House, ce bureau-musée où Del Toro se rend quotidiennement pour travailler et trouver l’inspiration au milieu des centaines d’œuvres, de livres, de documents amassés comme un trésor.
Baignant dans le fantastique, le merveilleux, les légendes, les films d’horreur, Lovecraft et consort, del Toro tisse ici une passerelle entre ces influences littéraires, picturales, filmiques prestigieuses et son propre monde, travaillé avec une minutie d’horloger. Ce n’est pour rien que les thèmes du temps, de la montre, du mécanisme et de l’automate reviennent en boucle dans des œuvres cinématographiques et sérielles qu’il façonne avec l’exigence maniaque d’un orfèvre.
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Visionnaire et poète
Attentif aux moindres détails, soucieux de la forme comme du fond, visionnaire et poète à la fois, le réalisateur mexicain explore avec nous certains de ses films les plus marquants, tels Chronos, la série Hellboy, le magnifique Labyrinthe de Pan, Blade II … on découvre alors des constantes qui émergent aussi dans les projets avortés. Cette approche permet de mesurer l’évolution du créateur depuis son enfance jusqu’à aujourd’hui, sa volonté d’autonomie, son indépendance, le refus des concessions…
Le livre est également à regarder comme une analyse particulièrement pertinente du processus de création, depuis l’idée jusqu’à sa mise en application, souvent castratrice, car concrétiser un rêve, c’est l’enfermer infailliblement dans la dimension réelle. À ce titre, le Cabinet de curiosités de Guillermo Del Toro est édifiant, qui dévoile la profondeur et la richesse d’une filmographie hors normes.
