L’autre jour, en me baladant dans les rues du 6eme, je croise un père et son fils. A la vitrine d’une galerie consacrée aux arts primitifs, le papa explique très sérieusement à son rejeton que l’art africain se résume aux masques tribaux. Le genre de connerie monumentale qui ferait hurler de rire Paul Ndema. Et pour cause.
Bardé des diplômes obtenus à la très ougandaise Margaret Trowell School of Industrial and Fine Arts, Makerere University, Ndema est très justement l’envers de cette croyance aussi européenne qu’erronée. Éclatante, un rien baroque dans le travail des motifs de tissus, ultra réaliste dans le tracé des chairs, complètement pop dans la composition des portraits, psychédélique dans le mélange des sujets, la peinture de Ndema le Souriant porte en elle une naïveté dont il vaudrait mieux se méfier.
Car derrière les auréoles et les papillons, c’est la société ougandaise que ce franc tireur a en ligne de mire, ironique et décalé. Le christianisme aveuglant qui frappe les masses, le pouvoir qui muselle les foules, … autant de constats qui amènent à interroger la sainteté qui nous illumine quand elle ne nous rend pas idiots. D’un trait sûr qui confine à la BD et au naïf, Ndema raconte cette moquerie perpétuelle, qui amène ses contemporains comme lui même à se distancer d’une réalité sur laquelle il serait temps de reprendre la main.
D’où l’incroyable dynamisme de son univers, qui n’est pas sans évoquer les artistes mexicains, par la chaleur des nuances, le velouté des texture, et cette franchise hilare qui caractérise les bien heureux qui se foutent de tout. Coolitude en diable, philosophie d’une existence dont on ignore les lendemains, on appréciera la puissance qui se dégage de chaque tableau comme une leçon de béatitude un brin malicieuse.
Et plus si affinités
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