Paterson de Jim Jarmusch : poésie de l’ordinaire ?

Paterson: voici le titre du dernier film de Jim Jarmusch ; c’est aussi le prénom du personnage principal joué par Adam Driver, la ville du New Jersey, décors du film, où William Carlos William a vécu et publié son recueil de poèmes intitulé … Paterson. Que dire de cette ronde ? Le nouvel opus de Jarmusch est film d’auteur comme on en fait plus, l’esthétique l’emporte sur l’action pour notre plus grand bonheur. C’est donc un véritable coup de cœur que cette œuvre qui aurait peut être dû remporter la palme d’Or 2016 ?

Ici tout est tellement travaillé qu’il n’y a plus de place pour la surprise ou pour l’intrigue. Paterson est chauffeur de bus et chaque jour de sa semaine est identique au précédent. Il se lève à la même heure, fait le même trajet, promène son chien au même endroit. Il boit tous les soirs la même bière dans le même bar. Cependant dans cette routine aliénante, la poésie ouvre une brèche, lui offre de s’évader, parce que chaque vers est différent et que l’inspiration est toujours libre.

Paterson est heureux et amoureux de Laura. Ce couple quasi platonique et enfantin semble sans passion ni amour charnelle ; d’une tendresse quasi adolescent, tous deux incarnent le vrai bonheur et leur joie de vivre s’avère communicative. Pas de disputes, pas de grands sentiments, le quotidien et l’attachement. La vraie vie en somme …Tant éloigné des couples phares du cinéma, ce tandem n’en demeure que plus attachant.

Héros d’un conte moderne, Paterson, ce candide du XXIeme siècle, incarne un nouveau visage de la poésie. En effet ce monsieur tout le monde ne se décrit même pas comme un poète, il se contente d’écrire dans un petit carnet ce que le quotidien lui inspire. Une simple boite d allumette devient le thème de vers composés à la pause déjeuner. Ainsi la banalité révèle sa saveur : Jarmusch saisit l’élégance de la routine, l’éclat de l’ordinaire, comme un réalisateur de la nouvelle vague.

D’une lenteur travaillée et sublimée, la beauté des plans suffit à captiver le public. c’est bel et bien un film du quotidien. Loin de toute vision utilitaire, le spectateur en apprécie la délicatesse. À défaut de devenir poète, on a qu’une seule envie en sortant : ressortir ses anthologies. Jarmusch nous l’a prouvé, le quotidien peut être beau, il suffit de le voir de la sorte. Et si c’était cela notre résolution 2017 : sublimer notre routine par la poésie ?

Et plus si affinités

http://www.le-pacte.com/france/prochainement/detail/paterson/

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Clotilde Izabelle

Posted by Clotilde Izabelle