Tant d’années après l’assassinat de JFK, la malédiction du célèbre clan ne cessera donc jamais de passionner ? On avait adoré la série TV Les Kennedy diffusée en 2011, on attend avec impatience le film Jackie de Pablo Larrain où la merveilleuse Nathalie Portman incarne la first Lady, on se souvient du remarquable JFK d’Oliver Stone ou du poignant Parkland, sans compter American Tabloid d’Ellroy … Roman ou film, la saga Kennedy capte l’attention car elle conjugue le pouvoir, l’amour, l’Histoire et la tragédie. Alexandra Echkenazi reprend une énième fois cette fabuleuse histoire avec une grande originalité. En effet, c’est à travers les yeux de la maîtresse du président que le drame nous est conté, donnant à découvrir une relation interdite certes, mais pleine d’amour et de tendresse.
Une énigme historique
Ce roman palpitant dévoile un président plus humain que jamais : «C’est bien beau d’être le premier amant d’une femme (ou le deuxième ou le troisième) mais rien n’est plus magnifique que d’être le dernier (…) je serai ton dernier amant Mary, le véritable homme de ta vie.» Mary Meyer est peintre féministe et avant gardiste. Mariée à un haut gradé de la CIA, elle représente une énigme historique de par sa relation avec Kennedy. Embarqué dans ce récit, le lecteur ne saisit plus très bien la limite entre réalité et fiction. Qu’importe, c’est tellement poétique et bien écrit qu’on a envie d’y croire, à cet amour illégitime, fidèle, épistolaire puis charnel.
Un tourbillon de passion
La romancière nous entraine dans un tourbillon de passion. Son récit revêt des airs de tragédie par son côté héroïque, la fatalité qu’il porte. On connaît en effet le destin de JFK et pourtant le jeune garçon amoureux de 19 ans nous fait vite oublier le personnage historique qu’il s’apprête à devenir. Par son talent narratif, Echkenazi, dans ce premier roman, nous rappelle que le Panthéon de l’Histoire est avant tout peuplé de fantômes humains. Monsieur le président devient Jack quand Mary s’invite à la Maison-Blanche pour vivre autant d’expériences condamnables, parfois même illégales, mais toujours excitantes. La magnifique Jackie s’avère une femme jalouse et arriviste, rien à voir avec l’épouse et la mère modèle qu’on imagine habituellement.
Une intrigue racinienne
Dans cette ambiance de guerre froide et de violence sociale, les amours du président ne sont plus affaires de scandales ou de tabloïds, mais une histoire profondément humaine. Alexandra Echkenasi, philosophe et journaliste au journal Le Parisien, construit ici une intrigue racinienne à la manière de Bérénice : les deux amants ne pourront jamais être réellement ensemble, la faute du pouvoir ou du destin ? C’est dans le drame que la beauté de leurs sentiments est sublimée, dans le deuil que leur amour est exacerbé…
Clotilde IZABELLE
Et plus si affinités