Des tonalités grise et bleues fondues dans une lumière lunaire, spectrale … parfois s’y détache le rouge d’une tenture, d’une paire d’escarpins, la silhouette diaphane d’une femme sans visage, sans âge, adolescente, séductrice, absente … de toile en toile Michaël Brack dessine les contours d’un univers fantomatique, entre Les Hauts de Hurlevent et Ring. Effrayant et attirant.
Car le fait est là : angoissantes, les oeuvres de Brack déclenchent cependant un intérêt croissant qui se meut sans qu’on le comprenne en fascination, en obsession. Quelle est la tragédie en action dans chacune de ces situations figées ? Qu’attendent ces héroïnes muettes et immobiles ? Sont-elles des victimes, des bourreaux, de simples quidams ? Jusqu’où sont-elles capables d’aller ? Quelle est la malédiction qui les frappe ?
Le mystère demeure entier, tandis que le spectateur se perd en conjectures, ne peut s’empêcher d’interroger cette fausse naïveté du trait, cette épure qu’on devine bien plus complexe et menaçante. Un cran avant l’exubérance d’un Clovis Trouille, Brack semble avoir rhabillé les impudiques du maître surréaliste, les observant en amont de leurs débauches orgiaques, de leurs folies meurtrières. L’effet est glaçant, addictif … et charmant.
Et plus si affinités