Une fois de plus l’espace Topographie de l’art se singularise par un choix de programmation particulièrement musclé et engagé. Recevoir et orchestrer l’exposition Mise au Poing, c’est mettre en exergue le travail de Médecins du monde et rappeler que la véritable urgence sociale se situe dans un constat simple : offrir un toit et un avenir à toute personne qui en est privée.
Trente ans de combat et d’actions de terrain sont résumés ici, par le regard de six artistes photographes : Christophe Acker, Claudine Doury, Alberto-Garcia-Alix, Cédric Cerbehaye, Valérie Jouve, Denis Rouvre, Henk Wildschut relaient, chacun à sa manière les fils directeurs du travail opéré par l’ONG, … sur notre territoire ! Eh oui, la misère ce n’est pas que dans les contrées reculées de ce qu’on appelle complaisamment le Tiers Monde. Ici aussi dans nos banlieues, en marge de nos villes comme dans les recoins larvées des cités, les laissés pour compte abondent, dans un dénuement total.
Les six artistes saisissent et transmettent cette détresse, au travers de clichés d’une rare intensité, qui dévoilent les richesses pourtant nombreuses de ces individus marginalisés par leur âge, leurs origines, leur vécu. Il y a ceux qu’un licenciement a rayé de la carte, les réfugiés qui ont fui la mort, ceux qui cherchent à se reconstruire après la maladie, … la rue, la précarité, les foyers, l’abandon, la misère … vieillards, femmes, hommes, enfants, personne n’est épargné : cela pourrait aussi bien être nous sur ces photos.
Et cela depuis longtemps. Une vidéo nous rappelle que le thème de la crise et des sans logis revient en boucle dans les journaux télévisés depuis maintenant 30 ans. 30 ans que l’on connaît la situation et que rien n’est fait, que tout s’envenime, dans l’émergence nauséabonde de discours xénophobes et de politiques d’austérité. En contemplant les gueules cassées des mendiants de Denis Rouve, en écoutant leurs témoignages, on réalise combien notre société est inepte, combien elle doit être repensée de toute urgence. Car il n’y a rien de viable dans un monde qui laisse des pauvres gens à la rue.
On souhaiterait que les candidats en lice pour l’élection présidentielle viennent visiter cette exposition, mieux qu’ils aillent à la rencontre de ces gens, pour prendre conscience de cette profonde détresse, de cette injustice flagrante et de cette farouche volonté de vivre. Cela devrait sinon les inviter à l’humilité du moins les amener à réviser certaines de leurs prises de position et leur rappeler que le fondement de la vie en communauté est l’entraide.
Et plus si affinités