La politique, les élections, les manipulations … ce grand cirque médiatique donne à réfléchir, non ? Sorti en 2011, La Conquête relate la montée au pouvoir de Sarkozy. 6 mai 2007 : alors que les premiers résultats tombent, annonçant la victoire, le futur président est reclus dans son salon, méditant le départ de son épouse. Cette présidence, il l’a voulue, de toutes ses forces, mais le prix est lourd qui solde ces longs mois de stratégie et de combat dont il se remémore les moments clés.
Un clown tragique ?
Dans la peau de ce leader encore en poste quand le film sort sur les écrans, un Denis Podalydès stupéfiant de justesse, qui se coule dans son modèle sans le singer. Nerveux, incisif, brutal, fragile par ailleurs, aveugle sans doute, … un clown tragique ? Le réalisateur Xavier Durringer le suit de près, ainsi que son staff, ces figures qui forgeront sa victoire avant d’être récompensées … ou évincées. Ses ennemis aussi, Jacques Chirac en tête, remarquable Bernard Lecocq. Les noms sont maintenus, le travail de reconstitution est poussé, le scénariste Patrick Rotman, par ailleurs historien et documentariste, s’est appuyé sur des dizaines d’interviews, des centaines d’articles, une soixantaine d’ouvrages spécialisés pour dérouler cette intrigue balançant entre le drame shakespearien, la satire italienne, et la comédie britannique, citant The Queen de Frears comme référence première.
Une sphère dorée
Qu’est-ce qui ressort de tout cela ? Un cirque donc, souligné par la musique de Piovani, digne d’une entrée en piste de Mr Loyal, sauf que la loyauté ici est une vaste plaisanterie, tandis qu’on prend de part et d’autres les électeurs pour des crétins facilement manipulables. Manœuvres de séduction, utilisation des journalistes, coups bas et répliques assassines, ces messieurs dames brillent par leur cynisme et leur enfermement dans une sphère dorée, loin au dessus de nos têtes misérables. Cela fait peur, car leur énergie passe principalement à s’entre égorger, chaque clan veillant jalousement sur sa chasse gardée et la moindre faiblesse de l’adversaire pour lui arracher la tête. A ce jeu, tout est bon, y compris moult mensonges et un marketing féroce qui transforme l’homme politique en star, évacuant ainsi commodément le débat d’idées, l’innovation, la responsabilité dont ces élus devraient faire preuve.
Le tremplin des ambitions
Et surtout la conscience permanente qu’ils ont notre destin d’une part, notre quotidien de l’autre, entre leurs mains, parce qu’en votant pour eux, nous les avons mandatés, certainement pas désignés pour être des supérieurs mais des représentants. On ressort de ces presque deux heures avec le sentiment que les choses ne sont pas si évidentes à leurs yeux, et que le processus électoral n’est qu’un tremplin pour leurs ambitions, peu importe leur famille politique : bref le grand absent de cette « conquête » est le peuple qui va pourtant en subir les conséquences, mais qui reste béatement à hurler sa joie à l’entrée du Fouquet’s où il n’aura jamais les moyens d’entrer.
Et plus si affinités