Ah l’Italie, nous en parlons souvent dans nos articles, fascinés que nous sommes par la culture de ce pays légendaire… et par sa gastronomie. Pizze, pasta, antipasti, dolce font souvent la Une de notre rubrique gastronomique pour le plus grand bonheur de nos papilles. Mais derrière charcuterie, parmesan et gnocchi, c’est une histoire d’ancrage culturel qui se joue. Car les restaurateurs dont nous parlons, souvent, très souvent, sont d’origine italienne, installés en France il y a peu… ou depuis une centaine d’années, dans la mouvance des grands flux migratoires du début du XXᵉ siècle. C’est cette diaspora que raconte l’exposition Ciao Italia.
La migration la plus importante connue par l’Hexagone
Orchestrée par Dominique Païni, Stéphane Mourlane et Isabelle Renard pour le Musée national de l’histoire de l’immigration, et accessible désormais en version virtuelle, ce parcours est sous-titré «Un siècle d’immigration et de cultures italiennes en France (1860-1960)« . Il revient sur les causes, le mécanisme et les retombées d’un impressionnant déplacement de population, à ce jour la migration la plus importante connue par l’Hexagone. C’est qu’il a bien fallu les occuper, ces emplois générés par une croissance économique forte.
Un enracinement lent mais profond
Les Italiens vinrent, parfois les mains vides, pour travailler dans le bâtiment, les mines, les commerces, l’agriculture, amenant avec eux leurs traditions, leur foi, leurs plats, leur langue… Confrontés à un racisme d’une rare violence, rejetés, critiqués, ils vont progressivement s’enraciner, malgré tout. Un enracinement lent mais profond, jusqu’à imposer leurs expressions dans notre langue, comme l’évoque avec justesse et malice un des ultimes panneaux du parcours.
Légendes versus réalités
Très habilement, l’analyse proposée confronte la réalité d’un ancrage complexe et long, les légendes urbaines qui déforment la perception de cette communauté, l’apport en matière de culture et de talents multiples. Serge Reggiani, Yves Montand, Lino Ventura, la dynastie circacienne des Fratellini, le Campari, la Vespa, la Simca, les ligues antifascistes, … l’exposition dépasse ainsi la vision magnifiée d’une Italie de cinéma pour détailler l’expérience d’une lente et définitive intégration, désormais une référence.
Album photo réalisé par Benjamin Getenet et Delphine Neimon.