1.B12 : Electro-soma & Electro-Soma II (Warp)
Inutile de jouer les savants ou les pionniers de l’Intelligent Dance Music pour présenter ces deux volumes de techno anglaise du début des années 90. Si Michael J. Golding et Steve A. Rutter continuent aujourd’hui de piloter le vaisseau B12, les titres réunis pour Electro-Soma sont à la fois une leçon d’histoire et un enchantement futuriste. Epoque en or pour la musique anglaise où des labels naissants offraient,à l’abri de toutes fièvres médiatiques, de véritables odyssées, dont la quête singulière était à coup sûr de résister au temps. Mission accomplie.
2.Various artists : Mono no aware (PAN)
Cette compilation, au départ réservée aux visiteurs du Salon du livre d’art de Los Angeles, est finalement à notre portée. Une dizaine de mois après sa distribution, elle reste comme le signal fort d’une année placée sous l’étoile de grands disques ambient. Pas (encore) d’immenses noms ici, mais une relève bien pensée par Bill Kouligas, directeur artistique du label berlinois PAN. Si l’on retrouve des artistes désormais brûlants comme Yves Tumor ou Sky H1, l’ensemble est d’une foudroyante cohérence. A l’image de sa pochette dangereuse et toxique, un condensé de mélancolie électronique de notre temps.
3.The ecstatic music of Alice Coltrane Turiyasangitananda (Luaka Bop)
C’est toujours un événement lorsqu’un épisode musical considéré comme mineur renaît de ses cendres dans une telle célébration critique et populaire. Ainsi les cassettes audio d’Alice Coltrane, période Ashram, années 80 voient enfin le jour sur tous les formats, accompagnés de livrets illustrés. C’était tout naturel de l’envisager, après la nette réévaluation de la période New Age ces dernières années et son influence sur l’électronique d’aujourd’hui. C’est désormais une réalité, et, à l’écoute de ce témoignage inspiré, un document exceptionnel.
4. Metaphors : Selected soundworks from the cinema of Apichatpong Weerasethakul (Sub Rosa)
L’excellente idée de cette compilation est de nous faire écouter le cinéma de Weerasethakul via un large spectre de sons, des plus sophistiqués, abstraits aux plus pop : field recordings ensorcelés, enregistrés au cœur de la jungle (Tropical malady et Oncle Boonme) mais pas que, ballade à la guitare acoustique en bordure de fleuve (Mekong Hotel), ou chansons thaï tubesques (Syndromes of a Century). Voilà un concentré d’ambiances authentifiées dont les admirateurs du cinéaste rêvaient sans doute en secret.
5. Raymond Scott : Manhattan Research, Inc. (Music on vinyl/Basta)
On triche à peine avec cette anthologie déjà publiée en 2000, mais qui bénéficie en 2017 d’un luxueux et coloré traitement en vinyle. Ecouter Manhattan Research avec ces instruments créés pour l’occasion et en parcourant son cahier d’accompagnement, c’est voyager à travers des époques lointaines de la musique électronique (émissions radiophoniques, spots publicitaires,…). Mais également dans un monde à l’origine du rétro-futurisme, obsession de post-rockers, beat-makers, et autres indie kids, depuis plus d’une décennie.
Autres suggestions : Jan Jelinek : Loop-finding-jazz-records (Faitiche), Gonjasufi : Mandela Effect (Warp), Space,Energy & Light : Experimental electronic and acoustic soundscapes 1961-88 (Soul Jazz Records), Pauline Anna Strom : Trans-millenia music (RVNG Intl.), Brian Eno : Another Green World (UMC).