Un père malade et vieillissant rassemble autours de lui ses trois enfants : Angèle, Joseph et Armand. L’hiver ensoleillé du sud de la France illumine le merveilleux décor des Calanques marseillaises. Au cœur des drames familiaux, de la pathologie et des secrets propres à chaque famille, Guediguian nous emmène dans un univers où la fraternité se reconstruit.
Guediguian nous parle « d’un huit clos à ciel ouvert, où quelques frères et sœurs, pères et mères, amis et amants échangent des tonnes d’amours anciennes et d’amours à venir … tous ces hommes et toutes ces femmes gemment un sentiment commun. Ils sont à un moment de leur vie où ils ont une conscience aiguë du temps qui passe, du monde qui change … ». La sensibilité du réalisateur, sa signature transparaît, une nouvelle fois, au travers des magnifiques portraits de ces êtres et du lieu magique du drame.
La calanque de Méjean, près de Marseille : lieu hors du temps, elle représente le moment de répit des personnages loin du quotidien. Le train qui passe sur le viaduc rappelle cependant que la vie continue. On semble être dans un décors artificiel avec les petites maisons colorées encastrées dans les collines. La lumière d’hiver se couchant sur la mer à perte de vue évoque une toile peinte. Un bel hommage à cette belle région par un réalisateur amoureux de l’endroit … et de ses acteurs.
Une fois de plus, Robert Guédiguian s’entoure de ses interprètes fétiches : son épouse Ariane Ascaride magnifique dans le rôle de la femme malheureuse et célèbre ; Jean Pierre Daroussin comme toujours touchant et attachant. On retrouve également Gérard Meylan, Jacques Boutet, Anais Desmoutier, Robinson Stévenin et Yann Trégouet. Les images d’archives s’immisçant dans le film font le bonheur du spectateur. Comme un secret du temps passé dévoilé. Proche d’un style théâtral par le huis clos, l’unité de lieu, le jeu des acteurs, La Villa est un film d’art, d’une lenteur esthétique et d’une beauté sans pareille.
Cependant le film ne reste pas dans des considérations artistiques éloignées de la réalité. Guédiguian y aborde le sujet des réfugiés, actuel, tragique et dans l’air du temps. Il l’évoque ainsi : « On vit dans un pays où les gens se noient en mer tous les jours. Et je choisis exprès le mot réfugiés. Je me moque que ce soit pour des raisons climatiques, économiques, ou à cause de la guerre, ils viennent chercher un refuge, un foyer. Avec ces trois petits qui arrivent, peut être la calanque va t elle revivre ? »
Sans nationalité, sans famille, sans parole, ces trois enfants donnent au film une grande puissance. Dénouant des tensions d’adultes, malgré leur passé tragique ils insufflent un air d’insouciance et de candeur dans ces maisons vieillissantes faites de décès et de maladie. On s’attache instantanément à ces trois-là qui dérident cette histoire mélancolique. On pourrait y voir du Tchekhov version marseillaise. On déclame du Claudel, on se déchire et on se réconcilie. C’est l’histoire d’une famille pleine de malheurs mais pas malheureuse. Un drame familial avec un goût de Provence.
Et plus si affinités