Ah 70’s spirit quand tu nous tiens ! Ta morsure demeure, jamais ne cicatrise et si par hasard les chairs se referment, vite, vite un coup de canif pour raviver la plaie délicieuse. Vampirisée par ton aura maléfique de liberté psychotrope, The Limiñanas font partie de ceux qui prient en ton nom, avec constance et la foi chevillée au coeur.
Shadow peope, tout frais accouché, avec sa rouge couverture signée Richard Bellia, et ses dix stances syncopées, prend la suite des opus précédents, chapitre supplémentaire d’une geste musicale similaire aux grandes odyssées helléniques et médiévales. Marie et son Lio, Bonnie et Clyde rock, vêtus du noir Morrison, batterie puissamment innervée par la tension du corps pour l’une, guitare empoignée fermement, caressée langoureusement avec abandon et maîtrise pour l’autre, … constants, contemplatifs, hypnotiques, enchanteurs …
Des sorciers gainsbouriens, des prêtres d’un culte absolu, qui jamais ne pourront se détacher de leur défonce mélodique, gardiens du temple psychédélique, porteurs de la flamme garage à la française, cette manière de partager ses pensées en rythme avec l’auditeur, d’un haussement d’épaule que Dutronc n’aurait pas renié, d’une voix monocorde de dandy désabusé. Mais n’allez pas vous tromper : les Limiñanas au moment où vous déconnectez, vous assènent une des accélérations dont ils ont le secret, dixit le très ardent « Motorizzati Marie », digne du final léthal et solaire d’un Thelma et Louise.
Le tout s’irise de la production d’Anton Newcombe le sombre, l’absolu, leader maudit et fier de l’être de The Brian Jonestown Massacre, dans cet air berlinois qui toujours a avivé les rebelles, Bowie en tête, pour éveiller leurs perversions secrètes comme un raffinement si Vieille Europe. Shadox People s’en ressent avec subtilité, avec des accents à peine perceptible de Love and Rockets sur « Istanbul is sleepy » ou The Kinks sur « Shadow people » que Emmanuelle Seigner réchauffe de son souffle sulfureux et charmant.
Que vous dire d’autre ? Écoutez l’album, ceux qui précèdent, ceux qui suivront. Certains ne s’y trouveront peut-être pas, mais d’autres, plus rares certainement mais plus absolument conquis, y exhumeront un éclat sombre qui parlera au tréfonds de leur cœur en secret, dans un chuchotement cyclique agréable, dont jamais plus ils ne se déferont.
Et plus si affinités