Festival Ecrans Britanniques : merci pour le focus sur les Mystères d’Agatha Christie

Rappelez-vous : en 2012, The ARTchemists crèchent encore à Nîmes, se faisant les dents sur une vie culturelle provinciale certes mais riche. Parmi les fleurons de la ville le festival Écrans Britanniques, British Screen pour les intimes et les puristes, qui accueille depuis des lustres grands noms et émergents du 7eme Art anglais. Une institution qui révèle, rend hommage, transmet. Déjà, pour cette 15eme édition, j’en avais pris plein les mirettes. Aujourd’hui je suis francilienne certes mais l’ardeur, l’investissement, la conviction de ces passionnés me sont restés en mémoire, et il ne se passe pas une année sans que je compulse leur programmation, la larme à l’œil de ne pouvoir être sur place pour en profiter.

La session 2018 vient de se terminer, qui avait débuté sur son lot d’avant première ( Beast ou The Death of Staline) pour s’offrir le très magnifique Darkest Hour, chroniqué dans ces colonnes il y a peu. Et comme pour rappeler que Gary Oldman est un des acteurs les plus doués de sa génération, Sid and Nancy offrent le pendant punk nécessaire au portrait rock’n roll de Churchill dans un effet de miroir des plus savoureux. Pourtant ce sont les Mystères d’Agatha qui retiennent mon attention et me réchauffent le cœur. Agatha pour Agatha Christie bien sûr, fameuse auteur de livres policiers, créatrice ô combien inspirée de Miss Marple et Hercule Poirot, le très impressionnant détective français, pardon belge.

La « Reine du Crime » a laissé derrière elle une soixantaine de romans, dont certains ont retenu l’attention des réalisateurs qui se sont empressés d’adapter ces intrigues à l’écran. Dernier en date Le Crime de l’Orient Express adapté en 2017 par le shakespearien Kenneth Brannagh avec à l’affiche Johnny Depp, Michelle Pfeiffer, Derek Jacobi, Penelope Cruz, Willem Dafoe, Judy Dench … bref un beau parterre d’acteurs pour un résultat assez terne et poussif, grandiloquent et maladroit. Quelle déception ma foi, surtout quand on a grandi en visionnant en boucle la très remarquable version de Sidney Lumet.

  • The Murder of the Orient Express date peut-être de 1974, il n’a pas pris une ride, rien perdu de son rythme, de son caractère angoissant, prenant, de son élégance aussi. Cadrages, lumières, cadence, musique, interprétation (Albert Finney – méconnaissable en Poirot un brin machiavélique, Lauren Bacall, Jean-Pierre Cassel, Ingrid Bergmann, Sean Connery, Vanessa Redgrave, Jacqueline Bisset, Michael York, John Gieguld, Anthony Perkins, la distribution donne le vertige), tout contribue à restituer le mélange de glamour, de complexité et de brutalité qui singularisent les romans de Chritie.
  • Suit en 1978 Death on the Nile où John Guillermin dirige Peter Ustinov qui endosse le rôle du détective pour lui apporter une certaine bonhomie, avec pour lui donner la réplique rien de moins que Mia Farrow, David Niven, Maggie Smith, Bette Davis, Jane Birkin, Jack Warden, Angela Lansbury, Jon Finch, Olivia Hussey, Simon MacCorkindale …
  • En 1980, c’est Guy Hamilton qui prend en main The Mirror crack’d; ici pas de Hercule Poirot mais une Miss Marple jouée par la pétillante Angela Lansbury citée précédemment, qui va démêler un mystère cruel et émouvant ; ajoutons Elizabeth Taylor, Rock Huston, Tony Curtis, Kim Novak, Geraldine Chaplin.
  • Evil under the sun sort en 1982, pris en main par le même Guy Hamilton qui filme Poirot en vacances sur une île albanaise où son séjour est vite perturbé par un meurtre sordide et incompréhensible qu’il va s’ingénier à élucider. On retrouve une partie du casting exceptionnel de Death on the Nile auquel s’ajoute James Mason, Roddy McDowall, Diana Rigg.

En revoyant ces quatre œuvres, on ne peut que s’émerveiller de la facilité avec laquelle chacune nous emporte, nous fascine, nous amuse. Passons sur le rythme, la qualité de l’image, l’interprétation, les dialogues … ces films s’imposent aussi par leur éclat, décors somptueux, paysages magnifiques, dépaysement garanti, humour, costumes élégants, génériques impressionnants, bande originale enlevée, l’ensemble est cohérent jusque dans la gestion des épisodes du passé, ces retours en arrière qui font le prix des analyses de chaque détective. La prouesse intellectuelle est restituée, sans casser l’énergie du récit, respectueuse par ailleurs du style de l’époque, raffinement des mœurs et originalité de personnages haut en couleurs. Un vrai régal à voir ou revoir, un véritable divertissement et une leçon de cinéma.

Et plus si affinités

http://www.ecransbritanniques.org/festival-2018/

Delphine Neimon

Posted by Delphine Neimon

Fondatrice, directrice, rédactrice en chef et rédactrice sur le webmagazine The ARTchemists, Delphine Neimon est par ailleurs rédactrice professionnelle, consultante et formatrice en communication. Son dada : créer des blogs professionnels. Sur The ARTchemists, outre l'administratif et la gestion du quotidien, elle s'occupe de politique, de société, de théâtre.

Website: https://www.theartchemists.com