22 Mars 68 : les étudiants de la fac de Nanterre boycottent les cours, se mettent en grève, occupent les locaux. Leurs revendications ? Avoir l’autorisation pour les garçons de fréquenter les dortoirs des filles, pouvoir tenir des réunions politiques, avoir un rôle organisationnel au sein de l’université. Et dénoncer la guerre du Vietnam. Autant de protestations qui vont alimenter la révolte de Mai 68, en regard des convulsions qui secoue le monde en cette année particulièrement féroce.
Cinquante ans plus tard, le monde ne va pas mieux, les doléances sont les mêmes. Liberté, refus du capitalisme, rejet des guerres, volonté d’autonomie, besoin de respect : les panneaux exhibés dans les manifestations font écho à ceux émis par l’Atelier Populaire, mis en place au cœur des Beaux-Arts pour appuyer le mouvement des étudiants de 68. Cinquantenaire oblige, l’école a ressorti ses archives pour les exhiber au public dans une exposition intitulée Images en lutte.
Sur deux étages, on découvre les dessins, les slogans, les affiches, les tracts produits par ces jeunes créatifs fougueux et désinhibés, dans un grand cri de colère. Oui, ils en avaient dans le ventre et le cerveau, ces gamins, devenus nos pères, une inventivité, une fraîcheur, une spontanéité incroyables, qui accouchera de messages intemporels type « CRS SS », « Sous les pavés la plage », « Presse ne pas avaler » ou « La chienlit c’est lui ».
Sans compter les publications, Libération qui voit le jour au milieu des pavés, Charlie Hebdo dénonçant les méfaits du monde à chaque numéro, les collectifs et les assos, qui défendent les droits des femmes, au logement, de l’homme … L’extrême gauche libertaire s’exprime alors en mode coup de poing, et n’a ni ses yeux ni sa langue dans la poche, quitte à dénoncer les dérives des dirigeants communistes qui font autant de dégâts que les dictateurs à la Pinochet.
Colorée, prolixe, l’exposition orchestrée par Philippe Artières et Éric de Chassey, démontre à quel point art et Histoire ont interagi alors, dans ce désir farouche de métamorphoser le monde, cette prise de conscience que chacun a son rôle à jouer, en cohérence avec autrui pour faire barrage à l’insupportable, en formulant, en visualisant les luttes. Elle souligne par ailleurs que les revendications d’alors sont encore d’actualité, … et cela fait peur, très peur.
Pour consulter l’album photo de l’exposition suivez le lien.
Et plus si affinités
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