Zoom sur la superbe et très pertinente websérie Tokyo Paranormal, consacrée au fantastique à la nippone. Un univers qui se porte on ne peut mieux, grâce au triomphe des nouvelles technologies et aux croyances urbaines qu’elles engendrent.Étonnant ? Pas tant que ça.
Imaginaire fait de superstitions
Le Japon nourrit depuis des siècles un imaginaire fait de superstitions où démons et spectres occupent une place de choix. Ancrées dans les mœurs, inscrites dans le quotidien, ces créatures ont tout naturellement inspiré les artistes, qu’il s’agisse de l’estampe spectrale très en vogue à l’ère Edo, du théâtre nô et du kabuki, des récits comme des contes … Les créateurs d’aujourd’hui ont tout naturellement repris cet héritage pour le décliner dans la modernité.
Et il semblerait que la modernité urbaine convienne parfaitement à ces esprits pour le moins capricieux, dangereux et tragiques qui s’infiltrent avec un bonheur certain dans les films (Ring, Marebito, Snow Woman, Ju-On ne sont que les plus célèbres des œuvres de la J-horror), les manga (ah le trait effrayant de Kazuo Umezu), l’art contemporain (les femmes décomposées dessinées par Matsui Fuyuko), le buto et j’en passe …
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Les arcanes d’un univers prolixe
Avec une rigueur de métronome, Yves Montmayeur et Stéphane du Mesnildot explorent les arcanes d’un univers prolixe, d’une très grande violence, particulièrement angoissant mais ô combien raffiné et poétique. Et qui séduit au-delà des frontières de l’archipel. Le paranormal tokyoïte serait-il le reflet séducteur d’une attirance universelle, une manière de conjurer le sort, d’échapper à la mort en la regardant en face ?
Aucune réponse à ces questions sinon l’incroyable vivacité de cette inspiration macabre qui se décline jusque sous les branchages impénétrables de la forêt aux suicidés. Et trouve un terrain de prédilection dans les pixels des écrans, ordinateurs, télévisions et smartphones confondus, véritables fenêtres donnant sur l’au-delà. Ainsi les fantômes actuels peuvent plus facilement nous hanter … et c’est tant mieux.