En dévoilant, en avril dernier, huit heures de musique inédite sur la web radio NTS, Autechre, le duo pionnier de l’électronique, a dépassé l’événement planétaire et livré au moins un chef-d’œuvre. Retour sur la déjà légendaire Session 4, opus ambient et drone, prêt à rejoindre une poignée de classiques du genre.
Maintenant que ces sessions sont devenues fichiers ou vont se matérialiser sous forme de coffret dans l’été, on peut parler de la joie provoquée par ces diffusions. Événements qu’on croyait presque destinés aux fans du groupe, alors que très vite, autre chose a eu lieu. Une assemblée anonyme découvrait simultanément un ensemble musical vertigineux et complexe. La résidence hebdomadaire prenait des allures de suspense radiophonique du 20ème siècle. Habitués, cette décennie, à sortir des albums imposants (le quadruple et très beau Exai, en 2013), comment Sean Booth et Rob Brown allaient-ils clôturer leurs sessions ?
Par une plage ambient de deux heures , ou plus exactement une déambulation dans cinq pièces aux bpm presque éteints. Dès lors, tout semble possible pour l’auditeur : se perdre dans un labyrinthe, se promener dans un musée imaginaire où le principe même de l’installation serait renversé par la musique. On vous épargnera la description de chaque piste, pourtant proche du voyage ultime de 2001, craignant la fuite de superlatifs. Mais le tout allie le mystère au monumental, cathédrales futuristes emportées dans la tempête de « All end », drone final de près d’une heure, et au titre prémonitoire, pour certains, quant à l’avenir du groupe.
C’est surtout un triomphe de l’inédit, qualité musicale souvent affichée par nombre de musiciens, mais qui, avec Autechre, entre bulle insoupçonnée de confort et dépaysement total, reprend des couleurs spectaculaires.
Et plus si affinités
https://warp.net/artists/autechre/
https://autechre.bleepstores.com/release/98703-autechre-nts-sessions-1-4
https://www.nts.live/projects/autechre-nts-residency/
