Et de belle facture encore ! Claquant de couleurs, dérangeant dans les thèmes, horripilant dans le registre sarcastique, vomitif dans le traitement de l’image, bref jubilatoire pour ceux qui n’en peuvent plus d’une presse plan plan, étriquée du cervelet et conventionnel à en déféquer des grenouilles. Issue de la culture fanzine, l’épopée Distorsion vient à point nommé foutre le dawa dans un paysage culturel d’une platitude de limande, balancer des coups de rangeots dans la fourmilière de la pop culture.
Au cœur de ce projet multiforme, impertinent et autonome, Rurik Sallé, dont le passif de rédacteur chez L’Ecran Fantastique, Mad Movies ou Impact n’a pas forcément amélioré une santé mentale secouée d’imaginations parfois détonantes, par ailleurs boostées par une carrière d’acteur (le passage sur le plateau de Groland en dit long sur les orientations stylistiques du Monsieur) et de compositeur doublée d’une appétence pour le statut d’animateur d’émissions type Cinémad et Paranomad.
Bref un bâton de dynamite sur pattes, qui a entraîné dans sa combustion spontanée une farandole de farfelus du même acabit, auteurs et dessinateurs, bien décidés à s’éclater la plume à longueur d’articles déjantés mais néanmoins d’une grande justesse thématique. Creem et Hara Kiri ont visiblement fait des émules, dixit la trogne hilare de Choron version clown psychopathe Alice Cooper en couv du numéro je ne sais plus combien du mag !
Tout ça sent son punk taquin et déconneur, son geek fou de subcultures, son gentil métalleux adeptes de nanards 80’s. Mais n’allez pas croire qu’il ne s’agisse que d’une grosse marade explorant les chemins de traverse du cinéma d’horreur, du X et des nombreuses familles du rock. Enchaînant soirées, conférences, publications, vidéos dans un constante explosion neuronale, Distorsion revendique le droit de penser, de diffuser, de se comporter autrement.
Irrécupérables indés, les Distorsion people jouent la carte de l’auto financement, à coup de Ulule au besoin. Ils bouclent actuellement la campagne précédant la publication de leur nouvel opus intitulé » Dictature » rien que ça avec un sommaire qui devrait en scotcher plus d’un par son côté rentre dedans, je cite :
DES PORTRAITS:Imelda Marcos, femme de dictateur, passionnée de cinéma et créatrice d’un festival dédié au 7e Art /Benito Mussolini, dictateur italien et fondateur du Festival de Venise …
DES ENTRETIENS : Kenneth Johnson– créateur de la sérieV/Pat Mills–auteur des comicsSlaineetMarshal Law/Jean–Pierre Kalfon, acteur etGilles Béhat, réalisateur de «Rue Barbare» (1983) /William Klein– photographe légendaire et réalisateur /Alex Varenne– maître de la BD et de l’illustration érotique à la française /John Wagner– créateur deJudge Dredd…
DES REPORTAGES : La Swastika au Japon / Les plus illustres Adolf Hitler incarnés au cinéma ou ailleurs / lapropagande dans les cartoonsaméricains durant la 2nde Guerre Mondiale /la Dictature des Pompes Funèbres, ou comment la Mort est un business obligatoire / Une branche peu évoquée du Black Metal : leNSBM…
On vous avait prévenu, ça envoie du lourd, ça aborde les sujets qui fâchent, ça tranche saignant sur la platitude médiatique et culturelle actuelle. Raison de plus pour en parler, diffuser, soutenir et collecter ces raretés qui feront un jour, soyez-en sûrs, office de collectors inestimables.
Et plus si affinités