TAAAAAADAAAAAAAAA ! On y est ! Le coup d’envoi du Mondial 2018, c’est aujourd’hui, dans la chaleur des stades russes. Bien sûr The ARTchemists ne pouvaient laisser passer cette occasion de mettre sur le tapis la culture foot, ses petits travers ou ses grandes richesses, déjà abordés avec la websérie documentaire Hors jeu ou très récemment Les Rebelles du foot. Mais bon ce soir c’est la fête donc on va taper dans un style un peu plus déjanté avec l’excellent Goal of the Dead.
Tourné en deux parties baptisées ironiquement « mi temps », le film de Benjamin Rocher et Thierry Poiraud raconte le retour au pays, en l’occurrence Capelongue, petit bourg du Nord, de Samuel, désormais membre de l’Olympique parisien (Alban Lenoir, qui s’est du reste véritablement entraîné pour épouser son personnage). Un match amical en apparence : les habitants du patelin n’ont toujours pas digéré la défection de l’enfant prodigue, et ont bien l’intention de lui régler son compte, tout en collant une branlée à cette team de première division qui se la pète un peu trop, non mais !
Et pour y parvenir, le papa du capitaine capelonguais, docteur de son état et supporter fanatique, lui injecte un petit cocktail de vitamines venues de l’Est … et se trompe dans le dosage, métamorphosant son fiston en footballeur zombi. Vous la voyez venir, n’est-ce pas ? L’apocalypse s’abat donc sur la petite ville, lors d’un match dantesque qui tourne au massacre. Seuls quelques-uns en réchappent, dont Samuel, qui va bien être obligé de reconnecter avec son passé, vu la situation.
https://youtu.be/a3rbs9ibhBs
Bien troussé et un peu dingue, le film respecte les codes du genre à la lettre, nous offrant un croisement assez déluré entre A Mort l’arbitre, Coup de tête, Shaun of the dead et 28 jours plus tard. Les passages comiques ne manquent guère, les caricatures non plus, entre le jeune joueur ambitieux et un peu con joué par Ahmed Sylla, le coach ultra impliqué que plante Patrick Ligardes ou Bruno Salomon en agent sportif aux dents longues. Caricatures certes mais finalement assez justes …
Capelongue devient le reflet de toutes ces petites villes de province frappées par le chômage et la misère, où l’ultime élément d’unité sociale, d’espoir et de fierté, s’avère le club de foot, qu’on défend alors avec la dernière énergie, quitte à cracher sur celui qui est parti faire sa carrière ailleurs, le traître. Mais ce climat de fin du monde va agir comme un révélateur : l’agent sportif qui abandonne son protégé car il remarque qu’il boite en fuyant la horde qui les poursuit, l’entraîneur qui dénonce le système esclavagiste du mercato, les supporters capables de toutes les violences, le dopage que le monde du ballon rond occulte, mais qui est bien présent, ici fatal.
Le journaliste sportif aussi en prend un coup, le statut de la femme dans ce milieu où les épouses de joueurs sont de belles potiches cocues, l’achat de joueurs étrangers qui ne parlent même pas le français d’où pas mal de soucis de communication, ne serait-ce qu’au niveau de l’entraînement et des directives de jeu. Malicieusement, les réalisateurs mettent tout le monde dans le même sac : le petit club de province comme le gros mammouth national, ici un Olympique parisien qui évoque fortement Marseille ou Lyon, histoire de dire que finalement c’est toujours le même business.
Une fois de plus les zombis vont servir de sanitaires sociaux, faisant le ménage à grand renfort d’effets spéciaux gore et autres subtilités organiques du même cru. C’est jouissif et crade, ça passe crème, c’est bien mené, et finalement ça en dit plus long sur les dérives et la puissance fédératrice du foot que toutes les analyses du monde. A voir donc, pizza au poing, et maillot sur le torse !
Et plus si affinités