Plane ou tridimensionnel, l’univers de Tristan Adelen, tissé de recyclage et de récupération, explore les méandres de l’être pour en saisir les lumières et les tragédies.
Sa série baptisée « Inside » confronte des maquettes élaborées dans de vieux tiroirs, des boites usagées, réceptacles de décors post apocalyptiques, dignes des installations de Sévellec, de l’univers en cendres de Delicatessen. Entre micro urbex et cabinet de curiosité, ses intérieurs restituent la répartition de l’âme version Freud dans un luxe de détails touchants, nostalgiques, questionnant le rapport au savoir, aux souvenirs, à la culture …
Face à ces lieux de vie dévastés, fantomatiques, saturés de manuscrits et de poussières, nous trouvons un ensemble d’écorchés inspirés des planches anatomiques de Vésale comme du transhumanisme mangaka. Leurs silhouettes torturées et soumises se découpent sur des pages de romans, des partitions jaunies par le temps et l’usure … L’effet est incroyablement violent et riche de sens possibles que le spectateur doit défricher, seul face à cette énigme …
L’homme structuré par la culture ? La douleur du processus créatif ? La confrontation atroce entre l’art et la chair ? Frankenstein qui s’ignore, Adelen, d’un trait inspiré par la bande dessinée, dit sa fascination pour l’intériorité et la mémoire, processus mystérieux qui définissent l’humanité … mais pour combien de temps encore ? L’oubli dû à la maladie, la perdition dans la technologie, la défaillance d’un cerveau malade, l’isolement de la vieillesse et de la misère …
Voici les ombres qui planent qui chacune de ces œuvres, comme pour nous mettre en garde … ou nous railler dans notre aveuglement ? Nous dire que nous n’échapperons pas au processus de lente agonie qui accompagne la vie comme sa part de ténèbres ? Qu’il vaut mieux nous y soumettre avec un sourire triste ? Ou simplement créer pour y échapper un peu ?
Et plus si affinités