En installant sa compagnie à Montauban, à la rentrée 2018, Pedro Pauwels a également migré MOUVEMENT (CAPTURÉ), sa Biennale nationale de photographie de danse créée en 2011. Pour sa première édition en terre montalbanaise, MOUVEMENT (CAPTURÉ) propose durant trois jours pas moins de quatre expositions, deux tables rondes, une conférence et de nombreuses performances dansées dans le centre-ville de Montauban.
De la bande dessinée, de la masculinité …
Parmi ces évènements, un retient particulièrement l’attention : D’images à imaginaires …, l’exposition co-réalisée avec la Cité internationale de la bande dessinée d’Angoulême. On y admirera une dizaine des plus emblématiques œuvres d’Olivier Houeix, photographe officiel de Thierry Malandain, chorégraphe du Centre chorégraphique national de Biarritz, et leur version bande dessinée croquée par Rosendo Li, dessinateur local. D’images à imaginaires… repose sur ce concept : raconter, fabriquer une suite possible sur la base d’une image arrêtée mais à travers le prisme très particulier de la bande dessinée et plus précisément l’imaginaire de Rosendo Li.
À ne pas rater non plus : l’exposition Viril mais correct/Un dialogue photographique à propos de la danse masculine composée de photos de Nathalie Sternalki et Olivier Houeix.
Les plus photophiles d’entre vous ne manqueront pas la conférence Décomposition du mouvement : de la chronophotographie à l’abstraction chorégraphique par Olivier Viaud. Pour cette conférence, le spécialiste de Loïe Fuller et de la danse du début du XXème siècle a imaginé un diaporama à partir de photographies extraites de la série En mouvement de la photographe normande Béa Gillot et se propose d’identifier la révolution esthétique qu’a suscitée dans la danse et les arts la révolution scientifique de la chronophotographie.
Photographe de danse : un métier méconnu et malmené
C’est en regardant un cliché issu d’une de ses premières créations que Pedro Pauwels a développé sa biennale de photographie si spécifique : “Sur cette photographie datant d’une quinzaine d’années, le photographe a su capter le geste à son moment le plus culminant, tout en netteté. En revoyant cette photo saisissante, je me suis interrogé sur l’opportunité de mettre en avant le travail des photographes de danse.” Au quotidien, le chorégraphe déplore le peu d’échanges entre photographes et chorégraphes-interprètes: “Nous avons là une profession méconnue et malmenée. Je les côtoie à l’occasion de prises de vue sur mes créations mais au final il y a peu d’échanges pendant le shooting. Je trouve cela regrettable et je souhaite que cette biennale crée du lien entre ces artistes.”
Méconnu-e-s, malmené-e-s, les photographes de danse jalonnent pourtant l’histoire de la danse, façonnant une précieuse œuvre iconographique dont Arturo Bragaglia, Max Erlanger de Rosen, Lipnisky, Man Ray, Charlotte Rudolph, Doris Ulman, Serge Lido, Barbara Morgan, Babette Mangolte, Colette Masson sont les plus nobles représentants. “Il faut rendre accessible à tous les publics ces oeuvres d’hier et d’aujourd’hui reconnues internationalement mais aussi encourager les photographes régionaux à présenter leurs travaux, inciter les Montalbanais à faire leurs propres photos de danse” précise Pedro Pauwels.
La photographie de danse comme objet d’éducation artistique
Développer un vaste programme d’actions culturelles autour de la manifestation est aussi un des objectifs de la biennale. En effet le chorégraphe y voit un formidable levier pour faire connaître la danse. Et lutter contre certains préjugés, réticences, peurs face à l’art chorégraphique : « Je reste convaincu que l’on peut sensibiliser à la danse, sans la pratiquer. Depuis 20 ans, je fais des stages, des ateliers auprès des scolaires et je vois combien il est compliqué pour un ado de lui demander de s’exprimer avec son corps en transformation, dans lequel il est parfois affreusement mal. Aborder la danse par le prisme de la photographie permet tout autant de saisir les enjeux artistiques et sensibles de cet art. J’aime l’idée de questionner le rôle de la photo comme outil de sensibilisation à la danse et comme outil pour le patrimoine chorégraphique. »
C’est pourquoi Pedro Pauwels invite le public à photographier la danse tout au long de la Biennale. À travers notamment des sessions de danse amateure à photographier ou encore à l’occasion des vitrines dansantes qui animeront tout le week-end le centre-ville de Montauban : “Inviter un spectateur à photographier de la danse et pas seulement qu’à la regarder, l’oblige à penser la pièce, la sentir. Les ¾ des gens disent ne pas connaître la danse et bien souvent ne pas la comprendre mais pour moi la danse est partout. Dès qu’il y a geste, il y a danse” dit Pedro Pauwels.
Ce qui est certain c’est qu’à Montauban, la danse et la photographie de danse seront assurément partout du 31 mai au 2 juin (et même au-delà, certaines expositions étant programmées une partie de l’été).
Et plus si affinités
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