Né en 1982 en Azerbaijan, Faig Ahmed n’est pas pas un novice, loin de là, et le nombre conséquent d’expositions qu’il affiche dans son pedigree en atteste. Il faut dire qu’il sait par ses œuvres interpeller les esprit tout en les charmant et les dérangeant. Son vecteur d’expression ? Le tapis.
Un savoir faire ancestral dans sa culture, une tradition chargée de sens, de symboles quand nous autres occidentaux en avons fait un simple ornement de salon. Avec talent, pertinence et inventivité, Faig Ahmed nous rappelle création après création que c’est loin d’être le cas.
Ses tapis, il les arrache, les tord, les décompose, les pixelise, les inonde ! Un véritable tour de force technique qui fait de lui une des artistes textiles les plus impressionnants du moment. Car il crée dans les grandes largeurs, accrochant ses tissages sur des longues parois pour mieux en dérouler les imperfections orchestrées avec brio.
Le dessin initial vomit des franges sauvages, le solide ordonné se liquéfie soudain, les motifs somptueux sont engloutis par des couleurs sans nuance, des graffiti salissent la beauté de la laine précieuse, des accidents géométriques brisent les perspectives … et soudain le vol gracieux du tapis enchanté fait un piqué … décidément nous sommes peu de choses …
En évoquant ainsi le subterfuge du glitch cher aux musiciens électro, chaque installation érige une passerelle entre un patrimoine issu d’un passé prestigieux et les technologies les plus avancées pour souligner les fragilités de l’existence, le règne des illusions. Une ruse pour interroger la notion de progrès, la quête perpétuelle de sens et d’élévation intellectuelle, mystique. L’homme, capable de créer pareilles merveilles, peut aussi les détruire, et dans l’instant.
Et plus si affinités