Après Nantes célébrant son patrimoine rock (et il y avait à dire), c’est au tour de Lyon de rappeler qu’elle fut une forteresse emblématique du punk à la française. Et c’est la Bibliothèque municipale de la ville qui se charge de transmettre cette mémoire aux générations futures via une exposition sobrement intitulée Lyon capitale du rock 1978-1983.
Sobre en apparence, car en réalité, c’est un pan entier de l’histoire des musiques actuelles hexagonales et régionales qui prend corps sous nos yeux à grand renfort de photos de concert et d’interviews signées Jean-Paul Bajard, photographe reporter passionné de rock qui porte en partie la mémoire visuelle de ces temps bénis, lui qui écuma les salles de Lugdunum au coeur des 70’s. Ajoutons y force affiches, billets de concert, pochettes d’albums, shirts et tout le cortège de goodies qui accompagnait l’essor des groupes comme Starshooter, Electric Callas, Carte de séjour, Marie et les garçons et consort …
Bref des archives précieuses qui constituent l’essence du fond collecté par la biblio depuis maintenant dix ans (1500 pièces parmi lesquelles il a fallu piocher les plus représentatives, vous imaginez le crève-coeur) pour enrichir la chronique d’une scène que nous savons florissante, pour l’avoir maintes fois côtoyée, vue en action, chroniquée (eh oui, n’oubliez pas qu’à la source The ARTchemists a pris racine à Nîmes et Lyon, c’est pas pour rien, zut et flûte …).
On se doutait bien que pareil terreau n’est pas venu par hasard. Pour le coup Lyon capitale du rock 1978-1983 nous le prouve de manière magistrale tout en rendant hommage aux pionniers qui ont coulé le socle des actuels réseaux musicaux qui irriguent la zone Rhône Alpes. C’est donc la geste de ces pionniers que relatent les commissaires Céline Boullet, Cyrille Michaud, Juliette Abric et Benoit Galichet qui concoctent ici un parcours aussi précis que passionnant.
On aime, on en redemande et on écrase une larme en regardant combien ces kids étaient prolixes, osaient tout, alors qu’ils n’avaient rien ou presque. Pas de SMAC, pas de salles de concert dignes de ce nom, pas de festival ni de vidéos sur Youtube, encore moins de logiciel ou de plate-forme streaming … le désert. Et ils ont tout inventé, sans se poser de question, ils ont foncé et tout défoncé, pour construire leur légende.
On ressort de là des étoiles dans les yeux … un peu envieux devant tant de créativité décomplexée, qui n’en avait rien à foutre du succès, des rumeurs … et qui a laissé une trace indélébile dans les esprits, une référence pour les jeunes musiciens, et la preuve que la musique rock, c’est aussi de la culture.
Et plus si affinités