Parce qu’elle est fixée de face par les spectateurs et les photographes, parce qu’elle s’affiche en frontal dans les magazines, la mode ne s’imagine pas de dos. Et pourtant … au hasard d’un cadrage mal effectué, dans l’arrière plan d’un cliché, l’envers des robes de haute couture révèle des secrets inavouables, des splendeurs ignorées, des audaces de conception. Il suffit pour s’en convaincre d’évoquer les robes dos nu de Mireille Darc dans Les Barbouzes ou Le Grand blond avec une chaussure noire … ou de parcourir l’exposition Back Side – Dos à la mode.
Givenchy, Comme des garçons, Balenciaga, Jean-Paul Gaultier, Lanvin, Rock Owens, Yohji Yamamoto, John Galliano, Alaïa, Yves Saint Laurent, Raf Simons, Schiaparelli, Alexander McQueen, des dizaines de costumes permettent d’explorer la manière dont les grands couturiers subliment le dos de leurs créations, en font un atout de séduction, une révélation esthétique, un élément de challenge créatif … Invisible à moins d’un miroir, inaccessible (déboutonner une robe quand on est seule, un défi acrobatique …), il se métamorphose pourtant quand on le lace, qu’une traîne le complète, que des ailes l’ouvrent à l’espace, qu’un sac l’alourdit …
Et que dire quand des ornementations brodées, taguées, lacérées, le convertissent en une bannière de revendication, qu’un jeu subtil de dentelles, de jours et d’incrustations le transfigurent en un mystérieux vitrail où la peau nue transparaît comme de l’albâtre. Ces jeux d’architecture complexe dialoguent comme par enchantement avec les statues du Musée Bourdelle, dans la majestueuse scénographie de Jean-Julien Simonot. Le parcours imaginé par le commissaire Alexandre Samson sous la houlette du Palais Galliera – Musée de la Mode de la ville de Paris, met en exergue et avec beaucoup de pertinence cet oublié essentiel, comme l’élément de surprise, le deus ex machina de la haute couture.
Quelques photos ici.
Et plus si affinités
http://www.bourdelle.paris.fr/fr/exposition/back-side/dos-la-mode
