Nouvelle saison donc pour suivre encore et toujours les aventures de la famille royale britannique à l’heure où le monde amorce le grand virage des seventies. Étalés de 1964 à 1972, les dix épisodes qui composent The Crown 3 débutent avec le décès de Winston Churchill pour terminer sur le jubilé de la Reine. Entre les deux, on voit Elisabeth II et ses proches encaisser les crises, sociales et personnelles, avec autant de stoïcisme que possible … et ce n’est pas toujours évident.
A l’heure des grands bilans existentiels, chacun mesure ce qu’il a accompli, ce qu’il a loupé, ce qui lui reste à vivre ou pas, tout en continuant de faire bonne figure aux yeux du monde. La reine et son époux, leurs enfants, leur cercle familial, doivent demeurer stoïques, contraints à la stabilité la plus statique qui soit, car ils sont des symboles vivants. Et cela leur pose problème tandis qu’ils se sentent vieillir, qu’ils voient leur univers se transformer, se moderniser, repousser les limites humaines et technologiques jusque sur la Lune.
On l’aura compris, cette saison 3 se tourne vers l’intériorité pour le moins perturbée de personnages contraints, encore et toujours, de s’adapter aux changements de la modernité tout en incarnant des valeurs immuables et en niant leurs besoins, leurs attirances primaires. Le grand écart est d’autant plus complexe qu’ils doivent gérer les questionnements de la maturité, tout en gardant un œil sur la cohésion d’un royaume ballotté par des vents contraires. D’où le côté très posé, presque morose de ce nouveau volet.
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S’il est moins spectaculaire, ce chapitre va plus loin dans la psyché des personnages, ce qui explicite le changement de casting opéré, ouvrant la porte à des pointures comme Olivia Colman et Tobias Menzies qui reprennent les rôles de la reine et de son époux en train de doucement glisser dans la middle-age crisis. Le côté glamour des deux premiers volets s’atténue ainsi considérablement pour laisser place à un réalisme déroutant, une détresse palpable.
Et néanmoins suffisamment de fermeté pour éviter qu’Albion ne finisse dans le fossé, alors qu’on a une marge d’action institutionnelle minimale. Bref, si le rythme de la narration ralentit alors que nos héros prennent de la bouteille, la tension, les désillusions qu’ils subissent leur donnent une véritable épaisseur. Et c’est ce qui fait l’intérêt de cette troisième saison … que d’aucuns ont trouvée trop lente à leur goût.
Certes mais s’ils sont en recherche de vitesse, qu’ils visionnent Fast and furious, et nous laissent apprécier la lente consternation qui saisit les Windsor, nous rappelant au passage qu’il faut parfois ralentir le rythme si l’on veut demeurer dans la force de l’âge.
Et plus si affinités