Artiste naturaliste, admirateur de Zola, dreyfusard convaincu … Jules Adler est ce qu’on appelle un peintre engagé. Et ses toiles le clament pour lui, qui représentent l’univers populaire, milieu ouvrier, artisan ou paysan, au crépuscule du XIXeme siècle. Le peintre des « humbles » dit-on de lui… ce que confirment les expositions Jules Adler.Peintre du peuple initiée au Musée d’art de d’histoire du judaïsme en 2019 et Jules Adler. Peindre sous la IIIe République à la Piscine de Roubaix en 2019, après avoir été initiée à Dole les années précédentes.
Un artiste malheureusement négligé
Ces deux parcours révolus mais dont il demeure la documentation sur Internet pour le premier et un catalogue très complet pour le second, mettent en évidence le talent d’un artiste malheureusement négligé. Et pourtant… qui ne connaît pas La Grève au Creusot datée de 1899 ? Cette toile apparaît souvent en couverture de romans, dans les livres d’Histoire, inspirant les cinéastes, les documentaristes… ce n’est donc pas un hasard si elle illustre l‘une des affiches de ces deux événements. Mais de Adler, que savons-nous ? Ses origines franc-comtoises ? Sa judéité ? Son regard sur la misère sociale ? L’impact politique de sa peinture ?
La manière dont il a dépeint le vagabondage, les grandes luttes ouvrières, la vie des faubourgs parisiens, des usines, des mines ? Son regard sur la 1ʳᵉ guerre mondiale ? La seconde ? Les déportations ? Son arrestation comme Juif durant l’Occupation ? Autant de facettes que ces deux explorations mettent en valeur avec beaucoup de finesse et de sensibilité, au travers de tableaux et de dessins particulièrement parlants et qui explique l’impact que le peintre a eu en son temps, inspirant des artistes plus jeunes, jusqu’à devenir un symbole de la lutte ouvrière.
Qu’aurait montré Adler de notre époque ?
Outre l’intérêt biographique de ces deux parcours, on découvre via l’œuvre du peintre, la France de la IIIᵉ République balbutiante, et les crises sociales, les revendications qui l’accompagnèrent. On demeure frappé par l’actualité du propos : depuis, rien n’a changé, les maigres sont toujours là, malgré les progrès technologiques et scientifiques, l’allongement de la durée de vie, les acquis sociaux dont on sait la fragilité.
Qu’aurait montré Adler de notre époque ? Comment aurait-il saisi la contestation actuelle, les inégalités qui secouent nos contemporains ? Pour sûr, il ne serait pas resté indifférent. Et il importe d’en prendre conscience, à l’heure où l’IA et le deepfake travestissent la réalité, où l’Histoire doucement se perd. Heureusement, Les nombreux documents mis en ligne sur le site du mahJ, le très beau catalogue édité permettent d’avoir une vision précise du travail de Adler, de le décrypter, l’interroger. Une découverte dont on ne peut faire l’économie.
Et plus si affinités
N’hésitez pas à parcourir les textes, explications, conférences qui gardent trace de cette exposition. Vous les trouverez sur une page dédiée sur le site du mahJ ainsi que sur le site de la Piscine de Roubaix.