« Plats copieux et bonne cuisine », « trop cher pour ce que c’est », « accueil exécrable », « décor sympa » … allez, ne niez pas, vous aussi vous avez laissé votre petit commentaire sympa ou mordant au bas d’un profil de restau sur une plateforme en mode TripAdvisor. Des remarques qu’on ne se lasse pas de consulter, à la fois pour évaluer l’établissement et éviter de se rendre dans un infâme bouiboui bien camouflé derrière un visage instagrammable, et pour savourer comme une mise en bouche la verve parfois cruelle de clients allant du fan extasié au vengeur gastronomique.
Un élément cependant manque dans ce tribunal populaire pourtant d’une exigence rare : rien sur l’état des chiottes. Un point pourtant névralgique de tout restau qui se respecte, une carte de visite, un baromètre crucial pour mesurer le degré d’hygiène du proprio et son sens de l’accueil. Aaaah, je vous vois opiner du chef, lecteurs ! Pour sûr ! Qui n’a pas eu envie de tout casser devant une cuvette souillée, un dévidoir où ne demeurait, pauvre indigente, qu’une feuille de papier toilette (toujours au moment où le contenu de vos intestins a décidé d’évacuer voter système digestif en urgence et en force), un sol ruisselant d’éclaboussures et de papier mouillé façon bouse, et le petit plus sympatoche : plus de savon !!!
Sans compter une odeur indéfinissable mais quand même vous avez très rapidement une petite idée de sa nature intrinsèque ! Cela vous évoque de frustrants souvenirs ? Que votre visage s’illumine. Cacadvisor est désormais là pour déjecter votre mécontentement par smartphone interposé (au passage, n’oubliez pas que nos chers compagnons téléphoniques sont de véritables foyers de microbes, donc lavez-vous les mains). Initiée par deux heureux startupeurs de Montpellier, cette application ô combien ludique, permet de noter les toilettes des bars et estaminets hexagonaux. Pour mesurer votre degré de satisfaction, cinq petits rouleaux de papier toilette permettent de noter la taille, la propreté, le confort, l’équipement ainsi que les facilités.
Tout ça plus un petit « cacadvice » en guise de commentaire et le joyeux sourire de la mascotte, malicieux rouleau à la feuille joyeuse et à l’allure épanouie. Un moyen relativement simple de poursuivre de votre ire les indélicats restaurateurs qui monétiseraient l’accès à des lieux d’aisance exigus, sombres, douteux, le tout pour une somme absolument scandaleuse. Et au contraire de signaler ceux qui ont eu le bon goût de penser aux handicapés et aux mamans en mal de tables à langer. Le tout avec une pointe d’humour et une logique imparable : les gogues sont le reflet de la cuisine. Si elles sont dégueulasses, il y a de fortes chances que fourneaux et ustensiles le soient aussi, avec risque d’intox alimentaire à la clé.
Bref Cacadvisor fait acte de civisme gastronomique tout en nous offrant ce doux frisson de la régression au stade anal et le sentiment d’avoir participé à l’amélioration d’un monde de merde. Ce qui n’a, convenons-en, pas de prix. Du coup, si vous vous sentez l’âme d’un justicier des latrines, vous avez désormais l’arme adéquate et n’avez plus qu’à suivre ce judicieux conseil : « laisse ta trace ».
Et plus si affinités