Zoomons ce jour sur l’exposition virtuelle A la table des rois. Orchestrée par le Château de Versailles en partenariat avec différents musée européens et Google, cette exploration des mœurs culinaires des souverains européens de l’Ancien Régime donne à voir une certaine manière de concevoir le repas, à la fois comme art de vivre et acte politique.
De nature morte en service de porcelaine, de menu en mobilier, les étapes de cet exposé virtuel mettent en évidence le foisonnement des plats, la variété des menus comme le signe d’une abondance de bon aloi : la table royale se devait d’être chamarrée comme un symbole de la bonne santé du royaume. Les aliments sont le reflet de l’agriculture nationale, et de la main mise du pays sur de lointaines colonies. Leur préparation relève de l’audace gastronomique comme un trait d’innovation, un signe fort de civilisation.
Ainsi le gibier occupe une place de premier choix dans les assiettes d’aristocrates qui trustent le droit de chasse comme un privilège absolu et incontestable. Faisans, lièvres, perdrix apparaissent lors des repas officiels orchestrés par l’étiquette, durant les dîners privés plus familiaux, au cours de pique-nique qui ponctuent les parties de chasse du roi et de ses proches. Autre signe de distinction raffinée, vaisselle, argenterie, nappes et serviettes sont d’une finesse exceptionnelle, d’une rare préciosité.
Et l’objet d’un marché alimenté par les commandes des monarques qui équipent tous les membres de leur clan, afin d’asseoir la puissance de chacun dans l’organigramme, et faire montre de prestige : il faut savoir tenir son rang, et le dressage des plats et de la table, ainsi que le service participent de cette affirmation sociale, à laquelle des officiers sont du reste strictement affectés. Instant clé dans l’emploi du temps royal, le repas est soi une représentation publique, soit un moment de détente, mais toujours il s’avère une parenthèse culturelle, ponctuée de lecture, de musique.
A la table des rois donne à voir cette magnificence, cette somptuosité comme respectueuse de l’étiquette des cours européennes. L’effet de grossissement permet de saisir des détails précis, des couleurs, des indices qu’on ne remarquerait pas forcément dans une exposition classique. Peut-être aurait-elle gagner en puissance en ouvrant le champ sur la question de l’alimentation en général en ces siècles troublés où la disette faisait rage. Le sujet d’un autre exposé ?
Et plus si affinités